Extrait du journal

tre bonne et féale amie la reine d’Angleterre, et dites-moi quel était l’ordre du cortège. — Je pourrai dans quelques jours, s’écria Lucien, vous donner à ce sujet tous les détails voulus. J’ai un de mes anciens camarades d’Henri IV, fils d’un marchand de fer de la rue St-Denis, un nommé Perchoir, garçon assez simple, mais possèdent 60,000 livres de rente. Il est attaché au ca binet d’un des princes, je crois. Avec sa nouvelle dignité, il ne pouvait signer tout bonnement Perchoir; aussi, depuis la mort de son brave homme de père, s’appelle-t-il M. Per choir de Forges. — Quelle rage ils ont tous de s’ennoblir, eux qui ont Unit crié contre les t:tres et les privilèges ! Pour moi, tout gentil homme que je suis, j’ai marché avec le siècle; aujourd’hui, on ne doit s’estimer que par sa valeur personnelle, et non par des titres et des vanités. Je prelûre un homme du peuple iranchement homme du peuple à un bourgeois déguisé en gentilhomme. Le ridicule s’attache toujours à ces transfor mations; souvent même le malheur en est la conséquence. Il n’y a {tas dix ans, un homme que j’appellerai même mon ami, car, quoique un peu vaniteuse, sa nature était noble et bonne, est mort tué par le chagrin qu’il s’attira pour avoir obéi à un mouvement d’étourderie, d’orgueil déplacé. C’est une triste histoire. — Oh! racoutez-nous-Ia, colonel, demandâmes-nous en semble. — Volontiers! Les détailsen sont scrupuleusement exacts; seulement, pour lieu de la scène, je prends Toulouse ; cette altération m'est imposée par l’existence de plusieurs pareil* de l’homme dont il est question, et par le souvenir que les aventures de sa vie laissent encore dans son pays natal....