Extrait du journal
FRANCK. Paris, 26 juin. Evénements de la Journée du 06. Nous venons de parcourir tout le Marais, le quartier de l’ilôtel-de-Ville, le marché SaintJean, la place des Vosges, la rue Saint-Antoine, qui ont été conquis hier vers le soir après un combat des plus acharnés. Le canon a terrible ment labouré la rue Saint-Antoine. La mairie du 8* arrondissement, qu'on disait incendiée, est in tacte ; ce n’est que chez un marchand de jin du coin que le feu a pris, mais sans gravité; le bou levard, depuis le coin de la rue du Temple jus qu’à la Bastille, est à peu près désert, sauf quel ques piquets de garde nationale qui stationnent au coin des principales rues. La fusillade se fait entendre au delà du canal, dans le haut du faubourg du Temple, dont la ligne et la garde mobile viennent de s’emparer jusqu’à la barrière; mais là les insurgés tiennent encore et se défendent à Belleville et à La Villette. Des coups de fusils partent d’une barricade au bout de la rue du Chemin-Vert et rendent le passage ! sur le boulevard fort dangereux. Midi. — Nous rentrons après avoir assisté au plus terrible engagement de ces quatre journées. Les insurgés* se tenaient ce matin encore dans j tout le faubourg Saint-Antoine depuis la barri cade qui gardait l’entrée du faubourg sur la place de la Bastille ; les deux barricades qui bouchaient le boulevard et la rue Saint-Antoine sont au pou- j voir de la ligne, de la mobile et de l’artillerie. Le général commandant a laissé aux insurgés jus qu’à dix heures pour se rendre à discrétion. A dix heures, un garde mobile s’avance sur la barricade du faubourg, porteur d’une dernière sommation ; voyant revenir le jeune garde sans une réponse satisfaisante, tous les officiers et sol dats qui stationnaient, à la faveur de l’armistice, au pied de la colonne de Juillet, se retirent préci pitamment derrière la barricade en bois qui mas que l’artillerie tout en travers de la place. Le feu commence des deux côtés avec une grande intensité. A cette terrible attaque succède une trêve de quelques minutes; les insurgés envoient un des leurs avec un drapeau de paix, demandant à se rendre à la seule condition de n’être pas faits prisonniers. Comme cette condition n’est pas ac ceptée, le combat reprend toute son intensité. Au bout d’un quart-d’heure, la première barricade est abandonnée par les ouvriers. La garde mobile et la ligne s’avancent au pas déchargé, et au milieu du feu qui part encore des fenêtres, elle atteint la 5* barricade sur laquelle le nommé iugold, du 8* bataillon, 4* compagnie, enlève le drapeau de l’insurrection ; on ouvre un passage à l’artillerie : cinq pièces entrent dans le faubourg, où la lutte se prolonge en s’éloignant De nombreux prisonniers sont amenés par les gar des mobiles et nationaux; ce sont pour la plupart des ouvriers profondément marqués par la mi sère et la souffrance; plusieurs sont horriblement blessés. Une maison qui fait le coin de la place et de la rue de la Hoquette est en flammes. ine heure et demie. — Tout est enfin terminé Le président de l’Assemblée donne lecture de deux dépêches qui annoncent que les troupes sont maîtresses des faubourgs Saint-Antoine et du Temple; les insurgés eux-mèmes travaillent à la démolition des barricades. Le citoyen Antony Thouret apprend à ses col lègues que le représentant Larabit, qui était re«té au pouvoir des révoltés, est en sûreté et qu’il a eu le bonheur de l’embrasser. Deux heures. — Une dernière dépêche du géné ral Cavaignac au président de l’Assemblée fait conuaître la cessation complète des hostilités....
À propos
Fondé en 1815, le Journal des villes et des campagnes était une feuille légitimiste et ultramondaine cherchant à satisfaire à la fois une audience urbaine et rurale. Le Journal paraît jusqu’en 1895.
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