Extrait du journal

( Suite. ) —20. L’amitié de ces deux hommes datait de l’hiver de 1812. Dans la déroule de l'armée française, le hasard avait rapproché le lieutenant d’artillerie et le colonel dû 23e. L’un était Agé de dix-huit ans, l’autre n’en comptait pas vingt-quatre. La distance de leurs brades fut aisément t approchée par le danger commun; tous les hommes sont égaux devant la faim, le froid et la fatigue. Un malin, Leblanc, à la mêle de dix hommes avait arraché Fougas aux mains des Cosaques ; puis Fougas avait sabré une demi-douzaine de traînards qui convoitaient le manteau de Leblanc. Huit jours après, Leblanc lira son ami d’une baraque où les paysans avaient mis le feu ; h sou tour Fougas repêcha Leblanc au bord de la Dérésina. La liste de leurs dangers et de leurs mutuels services est trop longue pour que je la donne tout entière. Ainsi, .le colonel, ii Kœnigsberg, avait passé trois semaines au chevet du lieutenant alieini de la fièvre de congélation. Nul doute que ces soins dévoués ue lui eussent conservé la vie. Celle réciprocité de dévouement avait formé entre eux des liens si écrouis qu’une séparation du quarante-six années ne put fes rompre....