Extrait du journal

Bourges, 24 octobre 1887. Demain, le Parlement fait sa rentrée. Si les sujets de conversations manquent à nos honorables, ils n’auront qu’à récapituler les faits qui se sont produits depuis leur départ, pour avoir de quoi s’entretenir pendant les préliminaires de l’ouverture de la session. C’est que depuis trois mois, depuis le départ des Chambres, les événements n'ont été ni rares ni insignifiants. Rien qu’au sujet du général Boulanger, sans parler de son duel avorté, il y a matière à nombreuses digressions dans la persistance et l’accroissement du sentiment qu’on a appelé le boulangisme. On s’est quelque peu occupé de l’exilé de Clermont-Ferrand pendant les vacances, depuis les lettres de M. Laur sur la fameuse conspiration jusqu’aux trente jours d’arrêts, qui ont fait un martyr du héros de la gare de Lyon. tandis que les députés prenaient contact avec l’électeur, suivant l’expression consacrée, nous avons. eu l’expérience de mobilisation. A ce propos, il sera peutêtre indiscret de rappeler qu’une enquête a été ou verte pour savoir comment le Figaro avait eu connaissance du plan élaboré en secret par le ministère et que cette enquête —comme toutes les enquêtes, du reste, — n’a produit qu’un résultat négatif ou à peu près. Mais l’essai de mobilisation a réussi et nous a donné confiance ; il y a plus : il a coûté deux millions de moins qu’on ne l’avait prévu. Cela n’est pas la moindre surprise qu’ait causée l’expérience....