Extrait du journal

On écrit de Beyrouth au Journal des Débats uu’Arabi a cherché dans ces derniers temps à s entendre avec les Bédouins de Syrie. On ignore si cet appel a été entendu et si les cheikh des tribus syriennes ont accepté ou refusé les propositions de leurs frères d’Egypte. Suivant une dépêche du correspondant du Temps à Londres, le dictateur aurait même menacé le sultan, s’il intervenait en Egypte, de restaurer l’empire de Mehemct-Ali en proclamant calife le chérif de la Mecque, et en opérant ainsi cette scission du monde turc et du monde arabe dont la conception se dissimule peutêtre au fond de J’agitation panislamiquc. Les Turcs, eu effet, devenus puissance européenne, dans la main de l’Europe par leurs possessions en terre chrétienne et par la facilité avec laquelle on prendrait Constantinople, n’ont pas servi les intérêts de l’Islam, bien au contraire. Ils ue sont pas de la race du Prophète, et on peut les considérer comme ayant usurpé la suprématie du monde musulman. Rien ne serait donc moins étonnant que de voir la nationalité arabe, constituée par la foi au Coran, par le lien religieux que les confréries et les « Turbans verts » maintiennent de la Syrie au Maroc, essayer un suprême effort pour se débarrasser à la fois de l’Europe et des Turcs, qui sont obligés de marcher avec elle. Ce serait une croisade retournée. Déjà le bruit court à Alexandrie qu’un soulèvement provoqué par le fanatisme a eu lieu à Smyrne et qu’un grand nombre de chrétiens auraient été massacrés. On voit donc qu'une grande énergie est indispensable pour tenir en bride une agitation qui pourrait s’étendre à tout le monde musulman....