Extrait du journal

Chaque jour le champ rie la politique sc déplace , et les discussions qui occupaient si vivement l’attention publique, il y a quelques années, sont entièrement délaissées par tous les esprits sérieux et clairvoyants. Les systèmes d’aristocratie et de démocratie, de garanties et de contrepoints, de centralisation et de localisation du pouvoir, li’enta plus guère de partisans et d’ennemis que pour la forme ; la tiédeur avec la quelle toutes ces théories sont attaquées et défendues •prouve suffisamment l'indifférence du public et la conviction chancelante de ceux qui s’étaient constitués les repre'sentans de ces opinions diverses. Les jésuites eux-mêmes, derniers dépositaires des doctrines et de l’esprit du catholicisme, se débattent vainement contre le clôt qui les entraîne, et, loin de nous alarmer du redoublement d’activité qui les agite momentanément , nous n’y voyons que l’image d’un malade-qu’une dernière crise va livrer à la mort. Ce nouvel état de la société est généralement senti, mais on ose à peine l’avouer ; nous nous sommes de part et d’autre engagés si avant dans de futiles discussions, nous avons donné tant d’importance à des nullités , nous avons soutenu si gravement nos opinions, comment en sortir sans un éclat fâcheux pour les vanités politiques. La Gazette de France avouera-t-cllc jamais que le parti libéral 11’cet plus le mime depuis quelques années? Que lui resterait-il à dire arr< s une semblable confession? Il vaut bien mieux, puisque ce malheur n’est pour elle que trop vrai, tâcher de le masquer autant que possible et conserver encore le mot afin de prolonger l’illusion. Ce. reproche pour rait s’appliquer à bien d’autres, et la Gazette n’est pas le seul personnage politique qui maintienne son existence par des amis et des ennemis imaginaires. 11 résulte de tout cela une polémique louche et verbeuse que le public aux fenêtres pourrait prendre à la lin pour une mystification préméditée....