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L'Ami du peuple en 1848, 11 mai 1848

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L'Ami du peuple en 1848
11 mai 1848


Extrait du journal

PARIS, 11 MAI. Citoyens, L'Assemblée nationale se dessine; son programme, elle nous le donne par ses allures, par ses interruptions, ses marques d’impatience à la vue seule de certains orateurs, et ses trépignements orageux à certains mots qui blessent ses oreilles novices. Emanée d'un suffrage faussé par mille manoeuvres électorales et gouvernementales, elle s'applique de plus en plus à ne pas démentir son origine. Organisée par deux coteries au pouvoir, deux coteries hostiles entie elles sur la scène, et coalisées dans les coulisses, elle marche sur toutes les questions réactionnaires avec un ensemble, une harmonie, une entente cordiale, digne d’une cause plus conforme aux vœux du pays. Les discours favorables a son programme, elle les étouffe dans l’explosion de son enthousiasme ; les discours empreints d’un autre caractère, elle les écrase, dés les premiers mots, par les trépignements de son indignation. Barbés est rappelé à l’ordre avant d’avoir ouvert la bouche. Composée en immense majorité des fonctionnaires du Gouvernement provisoire, elle se déclare satisfaite de tout ce qu’a fait ou laissé faire I incapacité notoire ou le mauvais vouloir de cette réunion en apparence hétérogène, de gens fort satisfaits, à leur tour, de ce qu’ils ont organisé avec les deniers de l’Etat. Touchante sympathie ! tout a été pour le mieux, dans ce meilleur gouvernement possible; l’abandon de la Pologne, de I Allemagne, de 1 Italie ; les massacres de Rouen, la panique du citoyen Marrastau 16 avril ; la désorganisation du travail productif par suite de l'humiliant et stérile travail des ateliers dits nationaux ; le gaspillage des fonds de l’Etat, au profit des escamotables électoraux; le désordre des finances; la condescendance du ministère envers la magi-lraluie intolérante de nos plus mauvais jours, envers les fonctionnaires de la corruption électorale, laquelle nous parait aujourd'hui hui à 1 eau de rose, en comparaison de la corruption électorale d’aujourd’hui ; la division semée entre de x tractions de la garde nationale (la division, comme vous le savez, est essentiellement monarchique) ; les provocations chauffées par tous les moyens de police entre deux classes de citoyens que la fraternitéavait réunies, dès les premiers jours, dans l’effusion d’une sympathie commune; la couardise proverbiale des premiers magistrats de la cité, dont une parole d un club, une phrase d’un manuscrit non entore imprimé, trouble tellement la cervelle, que le rappel bat le lendemain dans les quatre coins de Paris. Tout cela est bien, excellent, d’une haute politique; tout chia a b.en mérité de la patrie ! ! ! Vents, portez-en une partie aux puissances du Nord !...
L'Ami du peuple en 1848 (1848)

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