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L’Aube, 20 janvier 1932

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L’Aube
20 janvier 1932


Extrait du journal

L Aube a pour dessein d’apporter à de bons Français, pendant une période qui s annonce grave et peut-être décisive, quelques informations exactes et quelques idées claires. Au cours des semaines durant lesquel les nous paraîtrons, une consultation élec torale aura lieu dans ce pays. Evénement important, certes, mais auquel nous ne voulons pas plus assujettir notre action que nous n’avons entendu lui subordon ner notre initiative. Dirons-nous, après tant d’autres, que la politique a besoin, en France, d’être rénovée, que des changements de métho des s’imposent, que les partis doivent être rajeunis ou reclassés ? Tout cela est vrai, sans doute, mais nous estimons qu’il faut d’abord que l’opinion soit rensei gnée, instruite, orientée. Nous qui restons entièrement libres à l’égard des partis, des groupes et des candidats, nous préconiserons, à l’inté rieur comme dans la vie internationale, des solutions d entente et de collabora tion ; mais il est évident qu’un accord fécond ne peut s’établir sur des idées fausses ou des systèmes périmés : l’union doit se réaliser sur des certitudes actuel les, ou du moins sur des probabilités rai sonnables, pour une action hardiment progressive. Il faudra, demain, un gouvernement fort, s’appuyant sur une majorité homo gène et cependant imbue d’esprit large, capable de vues généreuses, préoccupée surtout d’avenir sans négliger les réalités présentes. Nul doute qu’il se manifeste, pour constituer cette majorité nouvelle, de nombreux candidats probes, compé tents et dévoués, soucieux à la fois du mieux-être social, du rétablissement de l’activité économique, d’une organisation pacifique des rapports internationaux. Au surplus, nous n’ignorons pas que la politique, science du gouvernement, est aussi l’art des possibilités. Nous aiderons de notre mieux, par l’exposé des faits et le rappel des idées, tous ceux de nos amis qui se trouveront engagés dans la compétition électorale, mais nous savons que le mieux est parfois ennemi du bien. Les leçons du passé montrent qu’il n’est habile ni de ramer contre le flot popu laire, dans ce qu’il a de légitime, ni de compromettre le succès par des revendi cations intempestives ou des surenchères imprudentes. Travailler au jour le jour, suivant les exigences mêmes de l’actualité, à former un courant d’opinion, voilà ce que nous ambitionnons. Puissent la compréhension, la sympathie et la confiance des lecteurs nous y aider ]...

À propos

L’Aube est fondée en 1932 par Francisque Gay et Gaston Tessier. Ce journal d’opinion, d’obédience catholique et de gauche, a d’abord beaucoup de mal à rallier les catholiques démocrates du pays à cause de son positionnement pas vraiment clair entre socialisme et Église. Il arrive néanmoins à fidéliser un lectorat restreint. Pacifiste et favorable à la politique de Locarno, L’Aube fut souvent violemment attaquée par la droite catholique ainsi que par l’extrême droite, notamment L’Action française.

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