Extrait du journal
JADIS, la guerre des -îations armées exigeait la masse au combat. Aujourd’hui, la guerre totale exige la masse au travail. Ces paroles du colonel de Gaulle, en date du 26 janricr 1940, donnent encore, selon nous, après les quatre années terribles, la clé du problème de la mobilisa tion française. Tout le monde est assurément d’accord pour penser que la France gardera son rang comme elle l’a reconquis, c’està-dire en rentrant dans la guerre homme par homme comme elle y est rentrée lambeau par lambeau, et en assu rant la relève des volontaires, et des mobilisés de l’Empire par i’ensemble de la nation. Mais qui prendrait la responsabilité de jeter dans la fournaise fût-ce un homme de plus sans l’avoir muni de l’équipement et de l’armement faute desquels il serait, comme nous l’avons été en 39-40, une victime et non pas un combattant ? Tous les orgueils sont légitimes, sauf celui qui augmenterait nos deuils. Et les plus ardents à réclamer très justement du gouvernement l’accroissement de notre effort de guerre seraient aussi, et non moins justement, les plus ardents à lui reprocher d’avoir précipité les fils d’une France déjà saignée par la guerre de trente ans, les mains nues au devant des chars super-Tigre. Selon les informations publiées par la presse améri caine, M. Jean Monnet aurait reçu pour charge de pro poser les données suivantes à ses interlocuteurs de Washington : d’une part la France recevrait, pour les huit prochains mois, sept millions de tonnes de marchandises et de fret ; en retour, elle apporterait la garantie que plu sieurs centaines de milliers de travailleurs français alimen teraient la machine de guerre commune par leur labeur qui, dès lors, ne serait plus sans emploi. Voilà la voie qui est, tout ensemble, celle de l’honneur et celle de la sagesse. Mobilisation ? Oui, certes ! Mais à l’usine, à l’atelier, aux champs, sur les voies de communi cation, sur les routes, et pas seulement sur les champs de bataille. Car, aujourd’hui comme hier, « la guerre totale exige la masse au travail ». Et, aujourd’hui plus qu’hier, la France exige qu’en lui demandant tous les sacrifices, on ne gaspille pas une goutte de son sang....
À propos
L’Aube est fondée en 1932 par Francisque Gay et Gaston Tessier. Ce journal d’opinion, d’obédience catholique et de gauche, a d’abord beaucoup de mal à rallier les catholiques démocrates du pays à cause de son positionnement pas vraiment clair entre socialisme et Église. Il arrive néanmoins à fidéliser un lectorat restreint. Pacifiste et favorable à la politique de Locarno, L’Aube fut souvent violemment attaquée par la droite catholique ainsi que par l’extrême droite, notamment L’Action française.
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