Extrait du journal

LA FIN DES TYRANS ÏA nouvelle a été diffusée aVanl-hier soir par la radio allemande. Est-elle exacte ? Ou n est-ce qu’un mensonge final lancé par Coebbels avant de se taire à tout jamais, une ultime duperie pour couvrir l’action souterraine que les derniers nazis Voudraient poursuivre après l’effondrement total du Reich ? Les Alliés ont quelques raisons d’accueillir l’information avec prudence, mais ils ont d’autres raisons de la considérer comme très vraisemblable. Hitler serait bien mort depuis plu sieurs jours, probablement assassiné dans des circonstances qu’il sera fort utile de connaître bientôt. On peut regretter que le Führer n’ait pas, comme le Duce, péri dans l’infamie sous les balles d’un peloton d’exécution. C’est un regret assez Vain : aucun supplice, aucune humiliation ne sauraient faire payer à ces monstres le mal qu’ils ont fait à l’humanité. Il n’est pas possible d’imaginer qu’ils auraient pu subir dans leur chair et dans leur esprit l’équivalent des souffrances atroces que des millions de martyrs ont endurées sur leur ordre. L’un et l’autre périssent en même temps que les régimes d’orgueil et de violence qu’ils avaient créés. Cette simultanéité porte elle-même le jugement de l’histoire sur les régimes personnels : le dictateur et la dictature meurent ensemble dans une même abjection. Mussolini n’était qu’un Valet, et sa mort est celle d’un lâche. Hitlesi était le chef qui a voulu poursuivre jusqu’au bout la réalisation de son dessein de dominer le monde, d’imposer à l’humanité entière ce qu’il appelait « l’ordre nouveau », la négation même de l’homme. Et si la puissance héroïque des armées alliées fait s’écrouler dans un abîme de misère et de ruines le rêve du fou sadique de Berchtcsgaden, il n’en reste pas moins que, pour l’horreur des générations à Ve-...