Extrait du journal

Arrivées et départs. Le comte Nicolas Mouravieff, secrétaire de l'ambassade de Russie à Londres, est arrivé hier matin à Paris. , Le duc de Vendôme,se rendant à Bruxelles, a quitté Paris. *%%% Le concours de Rome pour les jeunes musiciens est infiniment plus sévère que pour les peintres, sculpteurs, graveurs et architectes. Tandis que ceux-ci ne sont nullement astreints à l'isolement, viennent travailler à l'Ecole des beaux-arts à l'heure qu'ils veulent, s'en vont quand il leur plaît, les musiciens sont bel et bien emprisonnés au Conservatoire, jour et nuit, pendant les trois semaines ou con cours. Ils ont deux récréations par jour, sous la surveillance des gardiens, dans la triste cour de l'établissement. Ils voient leurs familles deux fois par semaine. On les enferme le soir dans leurs cellules, au point qu'ils sont obligés d'appeler le gar dien qui couche dans le corridor, quand la nécessité le commande. Us n'ont guère de distractions. Autrefois, ils s'amusaient à embêter Pugno. Le maî tre pianiste était alors organiste à SaintEugène, l'église qui se trouve rue du Con servatoire et en face de laquelle s'ouvrent les fenêtres des cellules des concurrents. Lorsqu'il y avait, à Saint-Eugène, une grande cérémonie, notamment un mariage, au moment où l'on ouvrait les portes et où ~e jeune couple passait sous le porche, aux sons du grand orgue, des cris terribles s'é levaient : « Conspuez Pugno ! » tandis que Messieurs les logistes accompagnaient en contre-point sur leurs pianos la marche de sortie jouée par l'organiste. Il fallait voir la tête des mariés sous le porche 1...