Extrait du journal
« Laissez bêler le mouton... », tel est (à peu près J le refrain de nos maîtres. Leur refrain et leur expédient continuel. Ils sa vent les Français curieux, susceptibles, boitillants, impulsifs. C'est de ce tempéra ment que nous tirons nos vertus aussi bien que nos défauts. Nous courons aisément en avant et en arrière. Nos fièvres françaises sont à l'origine de nos héroïsmes et de nos défaillances. Nous bondissons si. vite et si fort que nous sommes bientôt las. Enthousiastes et paniquards, nous crions trop vite : « A Berlin! » et trop vite ; « Nous sommes trahis ! » Et non seulement à la guerre, mais dans tous les: ordres d'activité. Nos gouvernants .se règlent là-dessus pour nom jouer. Qu'il s'agisse de faire accepter l'impunité des - concussionnaires (dans un scanàcàe de Panama], ou bien les embar ras de la voirie de Paris, ou bien un impôt sur le revenu, leur tactique heurpuse-est toujours de gagner du temps. Ce système est démoralisant. Il fatigue la France et lui fait accepter des séries'de solutions aux quelles sa raison n'adhère pas. De là ce scepticisme lassé qui est l'état- de tous les Français que je rencontre. Je ne connais pas, dans notre personnel gouvernemental, un seul homme qui développe, étale large ment, en pleine lumière, sa pensée politi que véritable et qui dise sur aucune ques tion: « Voici mon plan, il comporte tel et tel inconvénient qu'il faut accepter, en échange de tels avantages certains. » Je n'entends que des avocats qui plaident et jamais un juge qui expose des considé rants raisonnés, avant de rendre un juge ment consciencieux. Quel manque de viri lité! Et, par exemple, est-il rien de plus plat et de plus ridicule que la situation où l'on laisse nos commerçants vis à vis de la loi sur le repos hebdomadaire ? A ceux qui s'en plaignent, le ministre dit : « On la ré visera»; à ceux qui s'en félicitent, il affir me :u.Çestla. loi, je la fais appliquer, certes. » Puis, tout seul, se frottant les mains, réjoui à l'idée des ennuis qu'il lais sera à son successeur, il murmure .- « Lais sons bêler le mouton! » JVNIVS....
À propos
Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.
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