Extrait du journal

Du petit livre que vient de publier M. Ju les Romains, pour nous exhorter à de meil leures relations avec nos voisins d Allemagne, il résulte que l’auteur des Hommes de bonne volonté en est lui-même un autre, et de haute valeur. Mais si la sincérité comme la généro sité de ses intentions sont incontestables, on peut discuter sur l’efficacité de ses conseils. 11 est certain que 1 entente entre la France et l’Allemagne serait fort souhaitable. Avant U guerre, j’étais déjà de cet avis. Mais il ne pouvait être question d'un accord, aussi long temps que l'Alsace et la Lorraine resteraient incorporées à l’empire germanique. Depuis la guerre, cet obstacle a disparu, mais d au tres ont surgi. Peut-être avons-nous eu tort de ne pas accorder quelques succès diplomati ques à la République allemande, qui s’en fût trouvée consolidée. Encore n’est-ce pas bien sûr. Ce qui est arrivé en Rhénanie, après notre départ anticipé, n’était pas pour nous engager à d'autres concessions. Quoi qu’il en soit, d'ailleurs, ce qui est fait est fait. Sans récriminations vaines sur le passé, il faut savoir si aujourd’hui l’amitié est possible entre la France républicaine et l’Allemagne hitlérienne. M. Jules Romains, qui ne fait allusion qu’en yne note de trois lignes aux massacres du 30 jmn et passe sous silence l’assassinat du chancelier d’Autriche, reproche aux partis « d’extrême gauche » leur méfiance à l’égard de la dictature raciste, et notamment à M. Léon Bluni son mot sur « les mains tachées d * sang ». Que la politique étrangère ne doive tenir aucun compte de l’affinité des régimes, des idées ni des mceurs, c'est une théorie....