PRÉCÉDENT

L’Hermine, 25 février 1848

SUIVANT

URL invalide

L’Hermine
25 février 1848


Extrait du journal

France , sans le concours1 de tons les citoyens légalement consultés dans leurs communes ! ! » Assez de malheurs spot tombés depuis 60 ans sur celle pauvre France par le fait des partis qui, tour à tour , ont prétendu lui imposer leurs volontés exclusives. Assez de gouvernements improvisés ! Plus de partis dominateurs ! Qu’une fois, enfin, la France soit consultée !!! Pas plus que toute autre ville, Paris n’a le droit de se faire l'arbitre définitif des destinées de la France. Ce que Paris vient de faire ne saurait être que provi soire ; la sanction seule de la nation , régulièrement as semblée, peut légitimer un gouvernement nouveau !!! Nous adjurons nos concitoyens d'attendre avec calme les nouvelles qui peuvent seules encore expliquer les évé nements si graves qne nous annoncent ces dépêches. Que toute passion, tout esprit de parti se taisent dans un moment où l’avenir de la France dépend du concours de tous les honnêtes gens , et de leurs efforts pour maintenir l’ordre et la tranquillité Un grand nombre d'habitants entoure l'Hôtel des Postes, attendant avec anxiété l'arrivée du courrier. Il est cinq heures et demie. Le courrier n’est pas encore arrivé; nous sommes con traint de mettre, sous presse sans avoir reçu notre corres pondance particulière. éiTnemfits »e p.tni». Nous avons reçu , d’un de nos amis habitant Paris, la lettre suivante. Bien qu’elle renferme des détails que nous avons déjà donnés, et qu’elle contienne des appréciations qui n’ont pas été justifiées par le résultat, nous.avons pensé qfu’éMe ne serait pas lue sans intérêt. Mercredi, 25 février , — 4 heures. Je vous ai promis des nouvelles , et celles que je viens vous donner, bien qu’alarmantes, ne seront pas pour vous sans inté rêt. Paris est bouleversé , sauf le paisible quartier de notre rue du P».... J’arrive du lieu de l'émculc , et voici ce que j ai vu et recueilli. Les faubourgs Saint-Antoine cl Saint-Martin sont en pleine ébulition. Les pièces de canon y sont amenées au galop ; les régiments de cavalerie occupent Ventrée des rocs principales de ces quartiers. Dès ce malin , à dix heures. il y a eu du sang répandu , et l'on assure que l’on continue de s’y battre ; mais mollement. Les révoltés sont nombreux , sans chefs, sans guides, sans armes ; la garde nationale arrive lentement, beaucoup sont par tisans de la réforme , et demandent la chute de Guizot. Ils disent qu'ils ne marcheront que si 1 on en vient au pillage des nuisons et des magasins ; mais que jusque la, la rélonne étant la cause du mouvement , ils ne s’opposeront pas a celle manifestation. Je viens de voir à la chambre des députés environ deux mille individus , peuple et gardes nationaux sans armes, qui venaient demander à la chambre la réforme, comme le seul moyen de faire cesser l'émeute. Les cuirassiers et un piquet de la garde nationale leur ayant refusé le passage sur le pont, les députés, sont entrés seuls à la chambre avec leur pétition. Tous les abords du Palais-Bourbon ont été immédiatement évacués cl garnis de troupes et de canons ; des escadrons se di rigent au grand trot vers les faubourgs. L’on dit que l'émculc y prend de la consistance ; l'on craint pour la nuit les désordres les plus graves, dépendant des régiments arrivent de tous cotes On a brûle des postes rue Saint-Denis. La grande question est de savoir ce que va faire la garde na tionale, jusqu’à présent indécise ; le gouvernement parait décidé à mitrailler s’il le faut, et à opposer la force jusqu'au bout. Il se croit dans la légalité depuis la proclamation de l’opposition , et Louis-Philippe est déc idé à ne pas céder. On a même assuré qu'il avait un cheval sellé tout prêt, et qu'il avait déclaré, qu’au besoin , il paraîtrait dans les mes. La detiissiou des ministres est dans ses mains depuis hier; mais il s est refusé a 1 accepter. Il est difficile de prévoir l’issue de tout cela , puisque l'on ignore ce que veulent bien positivement ceux qui se sont mis en mou vement. Cependant, bien que les révoltés paraissent agir sans but déterminé et sans armes, ils n en éliraient pas moins par leur nombre. Les chemins de fer ont vomi une foule de g'-ns sans aveu dans Paris, ce qui n'est pas rassurant tant s en faut... H est à craindre que les provinces, dégarnies de troupes, li aient aussi leur mouvement ; puissiez-vous ne pas vous eu re s sentir. L’opposition a mécontenté tout son monde par sa leliatic, après avoir allume l'incendie. Tout Paris est couvert de troupes; mais jusqu’ici la ligne u’a pas tiré , on a recommandé les plus •M-ands ménagements. Le Carrousel ressemble à un champ de...

À propos

Fondé en 1837 à Nantes, L’Hermine était un quotidien monarchiste légitimiste dirigé par Jacques Crétineau-Joly. Il disparaît en 1850.

En savoir plus
Données de classification
  • dupont
  • guizot
  • ferdinand favre
  • garnier-pagès
  • iles
  • lamartine
  • paris
  • france
  • nantes
  • orléans
  • eure
  • bretagne
  • hallu
  • saint martin
  • bastille