Extrait du journal

Je vous vois, dans votre carré, à table, révolté et silencieux devant les conversations imbéciles de ces pauvres militaires déformés, et je devine les sursauts de votre conscience socialiste à l’audition de telles paroles qui dépassaient la sottise pour tomber dans l’ignominie. * Cinquante-cinq mois vous avez erré sur une mer où la mort rôdait, déjouant les pièges du canal d’Otrante et les embûches de l’Adriatique entière, et je vous vois, aux jours durs, demeurant au travail trente-six heures, malgré les ordres, pour tenter de remettre à flot le Cimeterre, collé au sec par son commandant. Je vous vois encore travaillant avec vos matelots dans la chaufferie envahie par le flot, et demeurant là des heures entières avec de l’eau jusqu’à mincisses....