Extrait du journal

C’est d'autant plus difficile qu’un grand nombre de jeunes filles ont perdu, pour diverses raisons, l’amour du labeur rural qu’acceptaient si allègrement et si dignement leurs mères. L’histoire nous montre des reines s’amusant dans des bergeries. Mais faire la soupe 365 fois l’an, nettoyer les écuelles, préparer les provendes et les servir, soigner les bestiaux, traire les vaches, laver le linge et, durant l’été, donner un coup de main aux hommes, rebute assez vite, trop vite, hélas ! beaucoup de nos jeunes campagnardes. Et pour une, deux, peut-être trois qui accepteront comme leur prince charmant le beau et solide gars qui reprend les marcherons do la charrue, sept, huit, neuf autres rêveront d’un prince charmant au képi de facteur ou de gendarme, de garde mobile ou de sous-officier. La féminité rurale pousse aux fonctions subalternes les jeunes gens qui, dans nos hameaux, ont quelque valeur spirituelle. C’est au fond le plus grand, le plus grave danger que présente l’exode rural....