Extrait du journal

le plus grand succès. C’est à qui tâchera de s’y faire inviter. Mais les deux amphitryons sont d’une sévérité dontricnn’approche; toutpostulant doit subir diverses épreuves, à la façon des candidats francs-maçons. Pour être admis chez M.Granicr deCassagnac,il faut justifier d’un mépris profond à l’endroit d’un certain cuistre littéraire nommé Jean Racine ; ilfauten outre exhiber à la porte son arbre généalogique et prouver qu’on a eu aumoinsla moitié d’un ancêtre occis parles infidèles durant la conquête de la Terre-Sainte. quant à M. Th. Gautier, qui n’affiche aucune espèce de prétentions nobiliaires, à l’instauré de son illustre collaborateur, il se borne à exiger que tous ses invités sachent, au besoin, faire dix-sept fautes de français dans une phrase de quatre lignes. Les jours adoptés par ces deux sommités sont le jeudi et le dimanche. On parle pour dimanche et pour jeudi prochains de plusieurs innovations qui ne doivent pas manquer d’obtenir l’approbation unanime des assistons. Vers cinq heures du matin, alors qu’il ne restera plus que la crème des fidèles, on procédera, chez M. Granier, à l’incendie général des œuvres complètes de Racine, et chez M. Gautier à la destruction de toutes les grammaires françaises et autres livres où l’on se permet d’établir des règles fixes touchant le style et la construction des phrases....