Extrait du journal

Londres, 15 novembre 1874. " Après plusieurs mois de calme absolu, .voilà les amateurs qui reviennent, les ventes qui recommencent, les expositions qui surgissent de tous côtés. MM. Agnew ont ouvert l’autre jour leur galerie avec une série de Souvenirs de Venise, par M. Keeley Halswelle ; et, en même temps, M. Mac Lean faisait les honneurs de la sienne avec une série fort bien choisie d’aquarelles modernes où vos compatriotes, MM. Lewis Browne et Edmond Morin sont particulièrement bien représentés. A la french GaUery, de MM. Wallis, qui n’a guère de français que le nom (puisque les œuvres des artistes allemands y coudoient celles des artistes français), il y a fort peu de choses qui méritent d’être remarquées, du moins an point de vue de la qualité. M. Hans Makart, de Salzbourg, y a une immense machine de trente-cinq pieds de long sur treize de haut, où il a représenté Venise rendant hommage d Catarina Comaro, reine de Chypre, qui n’est qu’un détestable pastiche des grands maîtres du pays ; et M. Madrazo s'y fait remarquer par une de ces toiles de mauvais goût que l’on rencontre maintenant partout ; il s’agit comme toujours d’une personne du demi-monde, bien maquillée, avec une toilette impossible; l’exécution en est aussi grossière et vulgaire que le personnage. En revanche, à la galerie de Bond Street, sauf deux ou trois exceptions, nous avons trouvé une réunion de toiles qui nous ont permis dépasser une heure agréable. La Vieille Maison de pierre, de M. Millet, d’un aspect un peu mélancolique, est une de ses œuvres les plus pensées, et de son plus beau style. Dans une série de crayons, le peintre nous initie aux travaux des paysans de France; là, ils déchargent le grain du meunier ; ici, ils ramènent les vaches à l’étable ; d’autres bêchent, plantent des betteraves, ou font la récolte des pommes de terre. Un des plus beaux de ces crayons est la première pensée de angélus. Le goût des dessins p’bat pas de mode chez nous, et ceux-ci ont un certain caractère sévère qui ne sera sans doute compris que des vrais amateurs. La Rencontre du Dante et de Virgile, de M. Corot, est sans doute une de ses compositions les plus importantes, ne serait-ce que par ses dimensions ; mais nous lui préférons de beaucoup celles moins grandes où le peintre nous rend avec tant de poésie, sinon d’exactitude minutieuse, l’impression des si|e§ dos environs de Paris. Madame Cazin marche sur les trw de ces deux maîtres, et nous n'avônS pas jusqu’ici mieux vu comprendre et rendre la nature un peu sombre et sérieuse de notre Angleterre; nous citerons particulièrement le Moulin de Cross Hand; Susseœ ; — M. Alma-tadema nous donne deux souvenirs de son voyage en Allemagne : ^Intérieur du Minster d Munster et une vue de la ville, simple silhouette des toits se détachant au dessus d’une haie, simple note aux tons chauds et...