Extrait du journal

à Ducret leur avait montré un diplôme d’interprète-juré. Ce diplôme est authentique. Norton, trois fois condamné, et sous son nom de Norton — était interprètejuré — tout comme le brave vieillard qui a traduit à la cour d’assises les fameuses lettres anglaises ! Sa parole était crue en justice? Bien plus, il ôtait électeur à Mar seille. L'avocat-général, sentant que la chose était dangereuse, a dit que le nègre avait fabriqué pour cela des faux papiers.—C’est inexact, puisqu’il avait été condamné sous le nom de Norton, et que c’était Norton toujours qui ôtait interprète-juré et électeur. Et puis, quand on se fabrique un faux état-civil, d’ordinaire la justice poursuit et condamne. Elle a oublié cette formalité à l’égard de Norton... Mais j’en ai déjà dit beaucoup, et je ne veux fatiguer ni les lecteurs de la Cocarde ni Rochefort. Que ce dernier étudie le dossier du procès, et il comprendra que les faux papiers Norton n’ont été faits que pour que leur fausseté pût éclater facilement à tous les yeux ; que d’un autre côté Norton est un de ces louches agents internationaux, qui servent et trahis sent tour à tour toutes les diplomaties. Qu’il réfléchisse si Déroulède, Mil levoye et Ducret peuvent être coupa bles d'autre chose que de s'être laissés tromper, qu’il se demande qui, dans ces conditions, avait intérêt à faire pro duire des documents d’une fausseté fa cilement reconnaissable ? Il sait mieux que nous les démarches que les amis de M. Clemenceau ont pu faire auprès de lui. J’en demande pardon à ceux de mes collaborateurs qui pourraient avoir une opinion différente : j’ai, moi, une con fiance tenace dans l’emballement — mais dans la bonne foi — de Roche fort. Qu’il juge, qu’il se juge lui-même, et qu’il réponde ! Le Cocardier....