Extrait du journal
Je ne suis pas précisément un cheval de retour; néanmoins, j’ai déjà roulé ma bosse dans quelques prisons, non que je sois un voleur, un assassin ou même un anarchiste, mais j’ai eu avec le gouvernement et la justice de mon pays des difficultés d’un caractère par ticulier, sur lesquelles toute la lumière n’est pas faite, et que ce n’est pas en core le moment de rappeler. Ce qui est certain, c’est que j’ai pu examiner de près cette chose redou table, la prison, dont la société se sert vis-à-vis des hommes qu’elle a une raison quelconque d’intimider, comme les mamans sévères menacent du ca binet noir les enfants qui mangent des confitures sans permission. Eli bien ! je crois qu’il n’est pas inu tile d’avoir vu de près, et le système de répression de la société, et les miséreux qui ont à le supporter, d’avoir pu étudier, comme on peut ob server les maladies dans les hôpitaux, le mal social dans les prisons. Il me semble que j’ai encore devant les yeux cette longue file do miséreux, vieillards en haillons, culs-de-jatte, bancroches, mendiants sans jambe ou sans bras, à la be^ ace vide, qui dé filèrent devant moi, le soir de mon entrée au Dépôt, et que je vis se jeter, avec des allures de bêtes affamées, sur la boule de son qu’on leur donne pour passer la nuit ! La boule de son ! une chose veule, informe, que les hyper boles administratives décorent bien improprement du nom de pain des prisons ! A côte des miséreux, apparaissaient, bien reconnaissables à leurs cravates rouges ou vertes, quelques souteneurs et quelques escarpes : rouflaquettes sinistres, faces blêmes, dont on dit couramment qu’on ne voudrait pas les rencontrer au coin d’un bois. Et c’était saisissant, dans l’ombre de cette prison, cette revue nocturne des lèpres physiques et morales ! On au rait dit que la société prenait soin de me la faire passer, avant de me jeter, moi-même, dans l’atmosphère empes tée de ses geôles ! Je suis resté plus d’un mois au Dé pôt, et chaque soir, par le guichet de ma cellule, j’assistais au même défilé, plus court par les belles nuits d’été où le vagabond n’a ; as d’autre abri à désirer que le ciel peuplé d’étoiles, beaucoup plus long les soirs de pluie, et surtout les soirs d’émeutes, où je voyais passer dans une promiscuité...
À propos
Lancée en 1888 par Georges de Labruyère, La Cocarde fut longtemps un titre dévoué corps et âme au mouvement boulangiste. Après l'écroulement de celui-ci, le périodique renforce sa ligne démocrate-chrétienne tout en rencontrant de plus en plus de difficultés financières. Plusieurs directeurs s'y succèdent, dont Maurice Barrès, mais aucun ne réussit à ranimer le périodique. Il continue toutefois sa parution jusqu'en 1938 avec un tirage extrêmement confidentiel – estimé à quelque 25 exemplaires par numéro.
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