Extrait du journal

PLUS FORT QUE PICOT On pouvait croire, quand on avait réussi à passer au travers du cordon d’agents chargés de protéger les radotages de M. Picot, que Ton avait entendu tout ce dont ôtait capable la sénile fureur d’un réac tionnaire. Ce serait là une erreur. Il existe tou jours quelque chose qui dépasse ce que l’on croyait être le dernier terme possible. Qu’on en juge: Le conférencier, sans doute par étour derie, avait, au cours de son interminable sermon, laissé échapper une phrase où perçait une certaine générosité. « A tous ceux, disait-on, à qui la Provi dence a donné l’éducation, les talents, la fortune,il importe de rappeler les devoirs plus grands qui leur incombent, et ce pa tronage volontaire qu’ils doivent exercer au profit des moins bien partagés. Car, suivant une forte pensée, « s’il n’y a plus de classes dirigeantes, il y a toujours des classes responsables ». C’est évidemment enveloppé, compliqué et diffus, mais enfin c’est tout de même un cri d'honnête homme. Qui donc ceci peutil exaspérer? Ne cherchons pas longtemps et ouvrons le Siècle où M. Claudius Nourry écrit ce matin : «Par solidarité, les plus favorisés peu vent venir en aide à ceux qui le sont moins. Mais il n’y a pas là un droit pour l’assisté. » Les favorisés peuvent venir en aide à ceux qui le sont le moins! Grand merci de la permission. Mais il n’y a pas un droit pour l’assisté, ajoute le rédacteur de SI. Guyot. Ceci dépasse les limites permises et, puisque les vieillards murs pour le Sénat, paraissent prendre goût aux confé rences, je voudrais que le rédacteur du Siècle reprît devant un public de « peu favorisés » sa monstrueuse déclaration. J’ignore si ses auditeurs auraient le droit de se fâcher, mais je suis certain et j’es père bien qu’ils sauraient rigoureusement le prendre. J. P....