Extrait du journal

Pour la deuxième fois, le cours des fonds Russes s’est effondré et aujourd’hui il n’est plus possible d’ergoter sur celte nouvelle chute et de l’attribuer à une coalition des baissiers. Il est incontestable maintenant que les offres dépassent de beau coup les demandes et qu’une sorte de panique s’est emparée des porteurs, puisqu’il ne s’agit plus de ventes à découvert, mais bien de réalisations que les ma nœuvres plus ou moins loyales des grands établissements de crédit sont impuissantes à entra ver. Pour le 4 0[0, le cours de 77.50 a été pratiqué samedi ; à ce cours, les porteurs qui ont acheté à 104 subissent une dépréciation de plus de 25 0j0 dr leur capital. La baisse des fonds Russes fait actuellement perdre à l’épargne française plus de deux milliards et demi. L’est le krak le plus important qu’ ait jamais subi non seulement la France, mais encore aucun autre pays. Or, l’effondrement de la rente Russe, effondrement que nous n’avons cessé d’annoncer et de pronostiquer, car pour quiconque étudiait la situation de l’Empire Moscovite, il était et est encore inévitable, est loin d’avoir atteint son apogée. Nous avons la conviction, l’in time conviction, que la Russie, après s’être débattue dans une anarchie sanglante, sera bientôt dans 1 impossibilité complète de libérer ses coupons. En matière financière, il ne faut pas se payer de mots et sur tout, il faut éviter de faire du sen timent. Ne jamais compter sur la probité du débiteur, mais bien sur les garanties qu’il off re, telle doit être la devise du capitaliste. Rienr n’est donc contraire au plus vulgaire bon sens que de faire fond sur la loyauté d’un peuple qui se débat contre une atroce misère et qui, longtemps encore, aura faim. Ctost pourquoi il faut qualifier de ridicule et de puéril l’affirmadu rédacteur financier du Temps Rto n’a pas craint de publier 4u’on ne peut contester la soli cité de la rente Russe, parce qu’il suffirait plus tard de faire appel à 1 honneur des sujets du Tsar. Ce Publiciste semble oublier que 'entre affamé n’a pas d’oreille, et que quand tout un peuple se tord dans les affres de la faim, il reste sourd aux abjurations de 868 créanciers....