Extrait du journal
Voici le texte du discours prononcé par le général Boulanger dimanche à Londres à la réception de la Colonie française : Je tour remercie mille fois des paroles que vous venez de prononcer, et d’avoir bien voulu venir ici essayer de voiler les amertumes dont nos ennemis espèrent à tort nous accabler. Je dois vous dire que j’attendais pres que cette Manifestation delà colonie fran çaise, qui n’a cessé de me combler depuis que je suis réfugié en Angleterre : et à mou arrivée, et le 5 mai, lorsque dans ce salon même nous avons, à l’occasion de l’anni versaire des Etats généraux, fait une sorte de fête française, et le 13 juillet, lorsque, à Alexandra-Palace, nous avons retrouvé sur ce libre sol anglais une parcelle de terre française, et là bu ensemble à la France et à la République. C’est pour cela que je vous attendais. Vous tous dont le coeur tressaille aux mots de France et de République, vous avez tenu à venir serrer la main d’un proscrit. Votre présence prouve que vous comprenez quel procès on m’a fait et ce que vaut cette condamnation pour com plot, pour attentat, pour concussion, c’est-à-dire pour vol. Le complot, l’attentat ! Mais alors il fal lait condamner avec moi le million d’é lecteurs qui m’ont élu député à plusieurs reprises. Moi qui n’ai jamais touché cinq centimes des fonds secrets, je suis accusé de concussion parce que, lors d’événe ments que vous ne devez pas avoir ou bliés, j’ai voulu préparer notre défense contre une nation voisine; je voulais être prêt, non à déclarer la guerre, mais à nous défendre si on nous attaquait. Quant à mes amis qui sont condamnés avec moi, il a bien fallu le faire pour prouver que je complotais, car un com plot ne peut etre entrepris par une uni que personnalité. Voilà Dillon, un vieil ami de quarante ans; voilà Rochefort,contre lequel o» est ailé chercher des articles de journaux vieux de dix-huit ans, et qu'on a encore tronqués. S’ils ne m’ont pas condamné à mort, c’est que la loi ne le permet pas. Qu’avons-nous dit, qu’ai-je dit dès le premier jour où ce procès nous a été in tenté? Donnez une juridiction ordinaire, conseil de guerre, cour d’assises, cour d’appel, police correctionnelle: nous pre nons le premier bateau et nous nous pré sentons devant nos juges. Mais, au lieu de cela, que fait-on ? On veut nous faire juger par ceux qui sont venus trouver le président de la Ré publique pour le prier de se debarrasser de nous, qui les gênions parce que nous sommes trop honnêtes; par ces sénateurs dont nous demandons la suppression, car nous trouvons cette institution non seu lement inutile, mais nuisible. La loi dit que tous les Français sont égaux devant la loi, et cependant on n’a pas voulu nous donner des juges comme à tout Français, et ce, parce que nous étions sûrs d’étre acquittés, et que notre acquittement eût été pour ce gouvernement de malheur le coup de balai qu’il redoute. Aujourd’hui, nous sommes condamnés...
À propos
Lancée en 1888 par Georges de Labruyère, La Cocarde fut longtemps un titre dévoué corps et âme au mouvement boulangiste. Après l'écroulement de celui-ci, le périodique renforce sa ligne démocrate-chrétienne tout en rencontrant de plus en plus de difficultés financières. Plusieurs directeurs s'y succèdent, dont Maurice Barrès, mais aucun ne réussit à ranimer le périodique. Il continue toutefois sa parution jusqu'en 1938 avec un tirage extrêmement confidentiel – estimé à quelque 25 exemplaires par numéro.
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