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La Cocarde, 22 octobre 1894

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La Cocarde
22 octobre 1894


Extrait du journal

lions; s’il a simplement l’instinct errant, il fera le tour du monde en yacht. Et le bon bourgeois qui hait les vagabonds et les pillards sera très honoré d’être dépouillé de son épar gne. Vous leur fîtes, seigneur. En les croquant beaucoup d’honneur. Pourquoi ne protestes-tu pas bour geois mon ami? Parce qu'en toi som meille, bien légèrement, le pillard ancestral. Parce que tu es un loup domestique, pas assez hardi pour emporter un mouton , mais assez rapproché de tes origines pour le tondre à vif, en sournois, au détour du code dcBondy. Le grand pilllard à millions, tu n’as garde de le blâmer. Il peut venir un moment, une circonstance, qui te mette à même de faire ta rafle sur un troupeau bien gras, et le pâturage avec. Mais le trimardeur, halte. Il sort des règles du jeu, Ecartons-le. D’oü les articles de loi le vouant à la pri son. Le diantre, c'est que la loi ne per met pas la prison à perpétuité pour ce délit. Alors, serin, tu demandes qu’on installe les vagabonds dans une île du Pacifique. Après tout, c’est une solution. Dans une société basée sur le travail — l’as-tu assez rabâchée, cette phrase — il n’y a point de place pour les oisifs, qui sont nécessairement des parasites. A merveille et de ta solution, j’en suis. Mais il est bien entendu que nous ne ferons pas de passe-droits. Que diable, ne sommes-nous pas fils de 89 et les Français ne sont-ils pas tous égaux devant la loi. Nous prendrons donc pêle-mêle les capitalistes et les vagabonds, les voleurs d’en haut et les souteneurs d’en bas, les entretenus du travail ouvrier et les professionnels de la mendicité, Rothschild et Bibi de Grenelle, et nous les enverrons en Océanie. Ça te va-t-il, bourgeois de mon cœur. Eugène Fournière....

À propos

Lancée en 1888 par Georges de Labruyère, La Cocarde fut longtemps un titre dévoué corps et âme au mouvement boulangiste. Après l'écroulement de celui-ci, le périodique renforce sa ligne démocrate-chrétienne tout en rencontrant de plus en plus de difficultés financières. Plusieurs directeurs s'y succèdent, dont Maurice Barrès, mais aucun ne réussit à ranimer le périodique. Il continue toutefois sa parution jusqu'en 1938 avec un tirage extrêmement confidentiel – estimé à quelque 25 exemplaires par numéro.

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