Extrait du journal

tous aspirent au noble titre dont le pri vilège faisait de l’élu ayant prouvé qu'il y avait quelque droit, un être à part, presque sacré. Ah ! ces temps sont loin de nous. Et l’on voit bien qu’il s’agit là d’é poques de sauvagerie primitive et d’obscurantisme tenace. Nous avons changé tout cela. Le jeune poète ne se fait plus aucune illusion, il sait bien qu’il ne tirera ni gloire, ni profit de la publication de son premier ouvrage. Peu importe, il y aspire quand même ! Et combien son ambition chimé rique apparaît légitime, touchante et compréhensible ! Une œuvre littéraire, quelle qu’elle soit, n’existe qu’à partir du moment où elle est imprimée— de même qu’une pièce ne commence à vivre que lorsqu’elle est représentée, avec ou sans succès, p3u importe. — Le plus extraordinaire, le plus par fait, le plus harmonieux des chefsd’œuvre, en admettant qu’il puisse en apparaître encore, tant qu’il de meure un manuscrit, n’a point franchi les limites de ces rives lamentables du néant et du non être, qui son l’an tithèse lamentable de la vie, de l’acti vité, de la foi et de la vérité. Mieux vaut n’avoir que cinq ou six lecteurs — ou même n’en avoir qu’un seul — Les hasard sont tout puissants en ce monde, un volume imprimé trouve tou jours quelque original qui, sans avoir le but de l’acheter, l’ouvre et le par court — Mieux vaut cette apparence de vivre que la lecture discréditée d’a vance, nulle et sans valeur aucune, d’un poème admirable, mais encore en l’état embryonnaire d’un mélancolique manuscrit....