Extrait du journal
De VAutorité sous le titre « Dialogue des Morts » ; L’empereur Guillaume. — Comme vous êtes injuste ! On me dit que tous vos con frères de Paris ne pensent pas comme vous. Une exposition a lieu à Berlin. Ils y vont. Votre ami Détaillé en est. D’autres aussi. Que vont-ils donc y faire, si ce n’est frater niser ? A. de Neuville. — Y capituler, Sire. L’empereur Guillaume. — Mais non. Et puis Berlin les charmera. Meissonier. — Surtout s’ils y vont con templer les drapeaux troués de Sedan et de Metz, pendus à vos murailles. L’empereur Guillaume. —- Tenez ! vous me faites une peine réelle. Je voulais ici continuer l’œuvre de réconciliation que les miens commencent sur terre. Je ne déses père pas encore d’y réussir. Je fais appel à ce grand beau garçon, tout pâle,qui nous écoute sans rien dire et qui doit m’approuver. N'est-ce pas, monsieur, que les peintres français ont raison d’exposer ? Henri Régnault. —- Oui, sire. Mais à la condition de n’exposer que leur poitrine, comme j’exposais la mienne à Ruzenval, où vos soldats l’ont trouée ! Skobeleff. — Bravo, frère ! Dieu nous per met de conserver, sans que sa religion en soit jalouse, la religion de la patrie. Moi aussi, je rêvais d’aller à Berlin, — mais autrement! Nos ombres, au jour de la revanche sa crée, marcheront devant nos nations sœurs, leur montrant la seule route glorieuse qui puisse y conduire. Et en attendant, vos artistes, les vrais, ceux qui ne séparent pas le patriotisme de l’art, iront à Moscou, qui les appelle, qui les attend, à Moscou la sainte, qui brûla pour vous et à cause de vous, et à qui seule vous devez votre visite, car cette* visite, c'est la réparation généreuse et chevale resque, la seule qu'on puisse jamais exiger de la France !...
À propos
Lancée en 1888 par Georges de Labruyère, La Cocarde fut longtemps un titre dévoué corps et âme au mouvement boulangiste. Après l'écroulement de celui-ci, le périodique renforce sa ligne démocrate-chrétienne tout en rencontrant de plus en plus de difficultés financières. Plusieurs directeurs s'y succèdent, dont Maurice Barrès, mais aucun ne réussit à ranimer le périodique. Il continue toutefois sa parution jusqu'en 1938 avec un tirage extrêmement confidentiel – estimé à quelque 25 exemplaires par numéro.
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