Extrait du journal

des Allemands, des Anglais, — quelques Parisiens, le plus généralement de race étrangère : il faut un sang cosmopolite pour se plier aux difficultés de la fonda tion d’une ville au milieu d’une ville déjà formée. Les garçons d’hôtel furent appelés d’Amérique, les conducteurs d'omnibus de partout excepté de Cannes on de Saint Raphaël. Sans doute, les bourgeois aisés firent ça et là quelques opérations de vente heureuses ; eûcoré y aurait-il bien des réserves à établir sur ce point. Venons plutôt aux résul tats. Us furent nets. Aujourd’hui l’habitant de ces villes « bénies » peut constater que l’état desesgains annuels estexactement pareil à ce qu'il était voici trente ans ; mais, le coût de la vie ayant augmenté dans une proportion merveilleuse ( les prix de Canne sont exactement ceux de Paris) il se voit obligé,pour vivre,d’exé cuter un travail double de son travail de jadis, à moins qu’il ne préfère réduire de moitié tout le train de sa vie. Je ne sais laquelle de ces nécessités est la plus dure. Ce que je vois, c’est les réflexions amères qu’elles inspirent toutes deux. Les habitants d’Antibes peuvent raser des murs vénérables et combler un golfe charmant. L’évolution qui s’est faite ailleurs en trente ans se fera chez eux en trois ans, par l’effet des forces voisines, des exemples des environs; et cette évolution si rapide, il convient de l’appeler, de son vrai nom, la Révolution , l’élan libérateur dont le premier effet sera l’expulsion des Métèques. Charles Maurras....