Extrait du journal
pour y loger leurs enfants. Car, dans le siècle de M. Piot, la possession d’un ou deux, et à plus forte raison, trois enfants, est un empêchement à trouver un appartement en location, lin père de famille ayant dix enfants, outre qu’il serait un phénomène, s’il habitait Paris, et qu’il ne fût pas multimillionnaire, coucherait avec eux sous les ponts, dont les arches, il est vrai, ce serait sa con solation, lui rappelleraient celle de Noë. On ne peut pourtant pas suivre le conseil de Swift, l’humoriste anglais, et vendre ses enfants au charcutier. Ce serait excessif. Mais, comme on le voit, et comme, d’ailleurs, je m’en étais toujours douté, la question du mariage est étroitement liée à celle des enfants. L’une, comme l’autre, suscitent de graves discussions. L’une comme l’autre ne seront jamais résolues. On continuera à nous dire de nous marier, et on continuera à hérisser l’entrée du mariage, de barrières risibles et rebutantes. C’est jieut-être pour notre bien, et pour nous donner le temps de réfléchir. On continuera à nous dire : faites des enfants, mais on nous mettra en prison si nous en faisons sans avoir accompli d’innombrables formalités. A tout le moins, on nous méprisera. Pourtant, la valeur d’un acte naturel et sa moralité ne dénudent pas d’un règlement administratif. Quand une fem me devint mère, quelles que soient les lois du moment, elle devrait être res|K*ctée et honorée. L’acte de la création est noble ou vil, l’un des deux. Et je me refuse à croire que sa valeur, bonne ou mauvaise, dépende d’un homme re vêtu d'une robe ou d’une écharpe. Or, nous voyons que, suivant les cas, la femme est honorée ou déshonorée par le fail. toujours identique pourtant, d’avoir un enfant. Pour que la France redevint féconde, on a imaginé et proposé des tas de me sures à côté. On a été jusqu’à l’absurde, propositions de décorations aux mères fécondes, etc... On a reculé les bornes de la saugrenuité et du compliqué. Mais les partisans les plus sincères de la re population ont reculé devant la seule proposition logique, sincère, efficace, honnête, qui consistait à dire ceci : A dater d’aujourd’hui, ce ne sera plus un crime d’avoir un enfant. On pourrait décréter pour le mariage quelque mesure analogue, aussi révolu tionnaire. On pourrait admettre que. désormais, pour se marier, il suffira d’être majeur, en bonne santé, et de s’engager devant un représentant légal à se prêter assistance mutuelle et à as surer l’éducation des enfants. Ce serait un peu trop simple, ne trouvez-vous pas ? Et peut-être qu’il vaut mieux que les choses soient ce qu’elles sont. Tous les raisonnements n’y changeront rien, d’ailleurs, tant que les hommes ne se ront pas raisonnables. Si, par hasard, ils. le deviennent un jour, nous repren drons, toute affaire cessante, l’étude de cette question....
À propos
Lancée en 1888 par Georges de Labruyère, La Cocarde fut longtemps un titre dévoué corps et âme au mouvement boulangiste. Après l'écroulement de celui-ci, le périodique renforce sa ligne démocrate-chrétienne tout en rencontrant de plus en plus de difficultés financières. Plusieurs directeurs s'y succèdent, dont Maurice Barrès, mais aucun ne réussit à ranimer le périodique. Il continue toutefois sa parution jusqu'en 1938 avec un tirage extrêmement confidentiel – estimé à quelque 25 exemplaires par numéro.
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