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La Cocarde, 31 mars 1888

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La Cocarde
31 mars 1888


Extrait du journal

' ÉLECTEURS DU NORD, f En me permettant de me présenter à vos suffrages, le gouvernement semble avoir voulu provoquer luimême une manifestation sur sa poli tique. J’accepte, pour ma part, ce rendezvous donné à tous devant le suffrage universel. Vous êtes appelés à décider s’il est possible à une grande nation comme la nôtre d’accorder sa confiance à des hommes qui s’imaginent naïve ment supprimer la guerre en suppri mant la défense. Quand j’étais ministre, j’ai dit : a Si je voulais la guerre, je serais un fou ; si je ne m'y préparais pas, je serais un misérable ». Mes sentiments n’ont pas changé. Vos patriotiques populations ré clament une France forte, afin d’a voir une France laborieuse, dont le génie industriel ne peut se dévelop per que dans cette sécurité que donne la conscience de ses ressources. C’est donc à vous de vous ressai sir contre ceux qui vous abandonnent. A cette heure, le Parlement luiméme est effrayé des résultats de son inaction. Après des années de sommeil, il feint de se réveiller en annonçant des projets de réformes sur la réalisation desquelles il lui est cependant impossible de s’abuser, puisque tout progrès consenti par la Chambre vient inévitablement échouer à la porte du Sénat. Celte grande concentration des forces républicaines qu’on nous a toujours promise n’a jamais été que la concentration dans le néant ; et si l’union s’est faite un moment parmi les parlementaires, c’est contre un général qui n’aspirait qu’à faire son devoir de patriote et qu’on a brisé pour des causes tellement inavouables que pas un de ceux qui se sont cons titués ses juges, n’a osé les avouer. Quant à moi, l’union que je rêvais et que je rêve encore, malgré les tris-, tesses de l’heure présente, c’est celle de tous les cœurs français en face des dangers qui peuvent nous menacer ; celle qui s’est faite en 1870, alors que l’honorable député dont la succession est aujourd’hui ouverte, combattait sous les ordres du général républi cain Faidherbe et tombait griève ment blessé à l’ennemi sur la barri cade de Bapaume. Électeurs du Nord, Les derniers événements ont dé montré jusqu’à l’évidence que la Chambre est devenue absolument étrangère aux aspirations du pays. Celui-ci ne la comprend pas plus qu’elle n’est elle-même capable de le comprendre. Seul le suffrage universel a qualité pour trancher ce différend entre ceux qui ont délivré le mandat et ceux qui l’ont reçu. A l’impuissance dont l’Assemblée législative est atteinte il n’y a qu’un remède : Dissolution de la Cham bre, Révision de la Constitution. C’est à ce résultat que tendront tous mes efforts. j Vive la France ! Vive la Répuyique ! Général Boulanger....

À propos

Lancée en 1888 par Georges de Labruyère, La Cocarde fut longtemps un titre dévoué corps et âme au mouvement boulangiste. Après l'écroulement de celui-ci, le périodique renforce sa ligne démocrate-chrétienne tout en rencontrant de plus en plus de difficultés financières. Plusieurs directeurs s'y succèdent, dont Maurice Barrès, mais aucun ne réussit à ranimer le périodique. Il continue toutefois sa parution jusqu'en 1938 avec un tirage extrêmement confidentiel – estimé à quelque 25 exemplaires par numéro.

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