Extrait du journal

Peut-être sera-t-il acquis pour tous, après la mise en scène du roman de Dostoïevsky, que les moyens dramatiques sont impuissants à représenter les états d'âme complexes? Capable d extérioriser en les exagérant les idées et les sentiments simples, le Théâtre, assimilable en ses procédés sommaires à la peinture des Primitifs, est inapte à l’objectivité des dioramas psychiques. Il suffit à la représentation des Mystères apitoyant, des Tragédies grandiloquentes, des drames tout extérieurs où les situations ee nouent suivant un enchaînement subtil, où le fait, dominant l'idée, l'implique et la provoque. Mais les procédés scéniques apparaissent inefficaces si l'on veut les adapter à la scrupuleuse notation des sentiments multiples et ténus, malaisément discernables, qui agitent l’humanité, pervertie et faisandée par le fouillis de ses concepts. La psychologie scénique reste rudimentaire : Un héros de Corneille se meut à l’aise là où Julien Sorel ne parviendrait pas à se révéler. Le théâtre vit. en effet, de ce principe que l’état d’âme doit être indiqué par les actes et dans le drame psychologique, il faudrait, au contraire pouvoir expliquer les actes par l’état d’âme. Cette impossibilité ferme à l’art dramatique l’étude fouillée des cerveaux et des cœurs....