Extrait du journal

La jour du « vouloir » se lève. Tous les baptisés qui pensent vont, de nouveau, être acculés à choisir : Etre la cellule vivante, ou la cellule passive.. ? Etre quelqu’un, ou le mouton grisneutre qui se défile, eu rasant les buis sons... Bée... Bée... Etre chrétien complet, c’est-à-dire fai sant ses Pâques, ou rester le « ni chair ni poisson »... la chose de tout le monde, et de personne.. ? ™ *Plus on avance dans la vie, plus on constate qu’elle est constituée par une niasse amorphe, une sorte de ballottante gélatine humaine, travaillée à pleins bras par les élites de droite et de gauche. Le Jour où l’Esprit du mal a suscité un ■Voltaire, il a plus fait pour sa cause qu’en produisant des milliers de vagues Homais. L© jour où, du cœur du Christ, est sorti le prêtre, le cadre était constitué... l’ar mature de l’Eglise se tenait debout. Mais l’élite ne se compose pas unique ment des chefs. Seuls, ils restent impuis sants. Ils ont besoin, pour agir, d’avoir autour d’eux la prolongation d’euxinêmes. C’est l’armée des croyants. Le Bien et le Mal ont, chacun, cette armée. Entre les deux, la masse moutonnière hésite : « Bée... Bée... Où souffle le vent.. ? Bée.. Bée... Quel est le côté du manche.. ? Bée... Bée... » « L’armée du Mal est puissante et nom breuse. C’est logique ; le mal descend, et il permet tout II a ses apôtres, ses exaltés, ses tourmentés, presque ses martyrs. Son offensive est sans arrêt, comme son tourment. Un ouvrier m’écrit, cette semaine, cette lettre d’enfer : « Pierre, je te Us, et je te suis fidèlentent chaque semaine. Tu fais du bien. Je te confie que j’ai la joie, oh ! si grande !... de faire bien plus de mal encore l- Je calcule : tu n’arrimes pas à mon genou. J’ai deux enfants ; je les élève dans la haine de la patrie et de la natalité. Ils vont bien, très bien, mes lou veteaux !.. Us deviendront deux rudes torpilles pour démolir, chacun, son coin d'édifice social... » Le reste ne peut pas être cité ici. Hier, à une sortie d’usine, des inconnus distribuaient à tous les ouvriers une su perbe médaille de Lénine en bronze doré. Tout à l’heure, au coin du boulevard Pereire, j’ai croisé un marmiton qui, son vol-au-vent sur la tête, écrivait le long des murs : « La religion, c’est l'opium du peuple. » Je l’ai regardé, ce gosse, avait-il qua torze ans.. ? Et quelques mètres plus loin, ce petit Français recommençait, avec une fer veur de néophyte, à écrire sa phrase russo-boche. & Heureusement, de l’autre coté, il y a les nôtres... les bons nôtres. Il y a ceux qui vivent, qui palpitent, qui pratiquent, qui communient. Et tout est là. « Celui qui ne mange pas mon corps, et qui ne boit pas mon sang, ne peut pas avoir la vie en lui... », a dit le Maître, j Les autres, même les plus efficaces en apparence, ne tiennent debout que par le « calage » des premiers... Ils n’avan cent que par la vitesse acquise. — C’est nous qui vous défendons !.. disait un jour le cardinal de Paris au président du Conseil, en lui décrivant les magnifiques auditoires d’hommes qui, dans les faubourgs ouvriers, envahissent maintenant nos églises à l'appel de cer taines cérémonies. Et c’est tellement vrai !.. Que deviendrait la société si, pour assiette, elle n’avait que le vide solennel des grandes phrases officielles !.. Elle ne tient que par les cellules d’ordre... Elle ne progresse que par les cellules d’apostolat. Elle ne s’apaise que par les cellules d’immolation. * Ces cellules, grâces à Dieu, elles se multiplient chez nous. C’est la patrie qui ne veut pas mourir. Le corps, travaillé par la nouvelle for mule russe, semble, à certains endroits, se décomposer. Mais la têt© redevient bonne....