Extrait du journal

Voici, d’après le récit du Fr. Gabriel, an. cièn capitaine de dragons, mort Trappiste à Chanabarand en 1903, comment s’accomplit la cérémonie de l’enterrement d’un Trap piste,: « On arrive là-bas au champ du repos, à l’ombre des platanes : le religieux repose sur un brancard, dans ses habits de fête, tête découverte. Bientôt commencent les chants (j’allais dire de joie, et pourquoi pas ?) les dernières notes aigues et perçantes du Domine, super feccatorem miserere, lancées vers le ciel viennent de se perdre du côté de là-haut. Un religieux, dans la fosse, prépare soigneusement un petit oreiller de paille, et on descend sur des bandes de toile le corps du défunt : quelle ascension triomphante 1 A peine est-il installé, rangé, arrangé sur sa brillante couche dans l'attitude d’un pieux recueillement, qu’aussitôt on fait glisser la terre en commençant par les pieds ; peu à peu le corps disparait... la figure reste seule à découvert... encore une pelletée de terre et... nous reverrons ce cher Frère dans l’éternité. » Tout cela n’est pas fini. La communauté se rend processionnellement à la chapelle ; là, l’âbbé dépose crosse et mitre et se pros terne sur les froides dalles du sanctuaire ; tout le monde fait de même ; on reste là, le front dans la poussière, à psalmodier, l’espace d’un quart d'heure ; plus d'un cœur, à coup...