Extrait du journal

Le ministère Waldeck-Millerand ne veut pas reconnaître sa défaite. Il lui manque aussi cette pudeur. Il ergote sur les chiffres. Il épilogue sur les nuances. Et parce qu’il a retrouvé Tourgnol et Trouillot, il soutient qu’il a vaincu. — C’est excessif. Il compte parmi les siens ceux qu’il a le plus violemment combattus, ceux qui maintes fois, lui ont témoigné la répu gnance, la répulsion et le mépris inspirés par ses actes de tyran et de sectaire. On iO lui a catégoriquement démontré il y a trois jours. Mais que lui importent la logique et le bon sens? Il est buté à cette iaée qu’il a « sauvé la République » et qu’il a le droit de monter au Capitole. L’osera-t-il? Comme un robin véreux, comme ces brasseurs d’affaires louches qui grattent leurs papiers et tronquent leurs additions pour dissimuler plus longtemps leurs fraudes, il établit et fait établir par ses complices des calculs qui ne sont qu’im pudentes fantasmagories à éblouir les ignorants ü les niais..... C’est propre ment la preuve de sa culbute. Et il l’étale lui-même. Cette attitude est celle qu’un vaude ville, jadis fameux, attribuait au mort récalcitrant! Il n’y avait plus que des vers dans ce. cadavre. C’était la seule vie à laquelle il pouvait prétendre encore. Si vraiment ce ministère était victo rieux, lui verrait-on cette ridicule et piteuse allure?.. Il s’est hâté d’envoyer des bulletins mensongers aux journaux étrangers, aux Anglais et aux Allemands justiflant ainsi, jusque dans sa convul sive agonie, la flétrissure ineffaçable qu’il gardera dans l’histoire. Il a été le « ministère de l’étranger ». Il est mort « ministère de l’étranger ». Et voici, pourtant, que ses derniers partisans s’indignent qu’on ait usé de cette batterie pour le canonner! Ils plaident pour lui les circonstances atté nuantes. Et nous les entendons bêler A leur tour qu’il a sauvé la République. Il faut en finir avec ce rabâchage... La République n’était pas en cause. Elle n’était point en péril. Personne ne l’a jamais moins menacée. Tous les partis l’ont affirmé par la voix de leurs chefs les plus autorisés. La bataille ne fut pas engagée contre elle; mais seulement contre desisdignes, des malfaisants et des ineptes qui ont pris le pouvoir, avec l’appui de l'étran ger, pour fausser la justice, et qui l’ont conservé avec le même appui. Une fois de plus, voilà la vérité. Non, la République n’était pas mena cée. Tous les partis ont désarmé devant elle. Il n’y avait donc point à la sauver. Mais ce qui était menacé et ce qu’il fallait sauver à tout prix, c’était la liberté, c’était la justice, c’étaient les droits de la famille, c’était la sécurité de nos foyers mise en grave péril par l’amoin drissement et la désorganisation des forces nationales, c’était la richesse du pays gaspillée avec une effronterie sans pareille, c’était l’industrie livrée à des énergumènes qui se font des rentes avec les grèves et sous la protection d’un mi nistre qui se moque des travailleurs, boit du meilleur et s’arrondit quand les ouvriers cherchent du travail qu’ils ne trouvent pas ou crèvent de misère et de faim. Voilà la raison de cette poussée dirigée avec tant d’énergie contre ce ministère le plus funeste que la France ait jamais eu à supporter. C’est au cri unique: « Abas Waldeek!» que la masse honnête et réfléchie du corps électoral est allée dimanche der nier au combat. C’est au même cri qu’elle ira encore le 11 mai dans les circonscriptions où il y a des ballottages à régler. Toutes les arguties, tous les calculs, toutes les objurgations des scribes encore aux gages des ministres ne changeront rien à cette situation. Demandez donc aux ministériels de l’ancienne Chambre réélus le 27 avril, s’ils vont revenir avec la pensée de rester...