Extrait du journal

LA JUSTICE LIBRE Ce n’est pas sans raison que la plus grande publicité a été donnée, avec £ insistance, aux débats du procès intenté aux Assomptionistes. Leurs conseils ont envisagé cette cause comme celle de tous les citoyens jaloux de conserver leurs droits; ils ont voulu la révéler dans ses moindres détails, la plaider autant que possible devant le pays tout entier. Pour accomplir cette tâche, le bon vouloir, disons plus, la patience des lec leurs de la Croisa nous ont encouragés et soutenus : nous les en remercions. La question ne concerne pas seulement une Congrégation ; elle ne concerne pas seulement toutes les Congrégagtions ; elle ne s’arrête pas même à la liberté religieuse : son enjeu est l’intérêt le plus vital d’un peuple : il consiste à savoir si il existe ou non une Justice. Parmi les hommes compétents, juris consultes de toutes nuances, magistrats anciens ou en exercice; avocats, l’opinion générale condamne lejugemeht dont est appel. S’il a pu être rendu, c’est en torturant les textes de loi et en les détournant de leur sens et de leur objet véritable. L’article 291 du Code pénal n’est pa3 applicable aux Congrégations. Il ne peut servir à les condamner, il ne peut servir à les dissoudre. Nous allons plus loin : à notre sens, après lps nouveaux débats, l’erreur en droit est bien difficile à admettre. En tous cas, le public ne croira pas à l’erreur : son opinion d’équité et de bon sens est établie : il voit des innocents Injustement traînés devant les tribunaux ; il se fait de la loi une opinion trop élevée pour la croire destinée à empêcher le bien Pourquoi donc remonter un pareil cou rant? Dans quel intérêt amener les masses à suspecter l’indépendance du juge? Est-il opportun d’accréditer le mot cruel et certainement calomnieux : « La Cour rend des services et nullement des arrêts? » La nation a droit à une Justice. Sans elle, où serait la sauvegarde de l’hon neur, de la vie, de la fortune des ci toyens? Il fut un temps où la magistrature était considérée à l’égal d’un sacerdoce, mais s’il faut revenir à cette tradition, serace par des jugements comme celui dont, hier encore, s’émouvait la conscience publique et queflagellaitnotre ami J. B.? Nous ne le disons pas dans un esprit de dénigrement systématique contre l’ordre de choses établi: tons nos vœux en appellent l’amélioration. Notre but est autre : si nous signa lons l’intrusion de la politique dans le sanctuaire de la justice, c’est pour con jurer un pressant péril. Que les juges restent à eux-mêmes : qu’on les laisse, ainsi qu’ils le désirent, décider suivant leurs seules lumières et leur seule conscience. Tel est le vœu, tçl est le droit de tous les Français. Le Patsan....