Extrait du journal

J’ai toujours le cœur serré quand arrivent les élections. ..i Le cœur serré quand je sens, plus que d'habitude, la Haine rôdant autour des saintes choses et des noms respectés. ... Le cœur serré quand ton sort, ô mon-, village, va dépendre, une fois encore, de 1 l’absurde loi du nombre, ou de la lâcheté d’un ami, ou de l’activité d’un marchand de vin, ou d’un mensonge insolent, affiché là, en rouge, bleu, Vert ou jaune, sur le mur des chaumières. Et que, de ce mensonge, il restera tou jours quelque chose... Oui, je suis triste chaque fois que reviennent les élections. * Et ces élections deviennent de plus en plus angoissantes, car la France dépeu plée, divisée, guettée par Môscou, guettée par Berlin, n’a plus une faute à com mettre: De deux choses l’une, ô ma pauvre campagne : Ou tes habitants se diront : Nous voulons que nos intérêts maté riels et moraux .soient sauvegardés... Nous ne voulons plus qu’on prenne notre argent, si durement gagné, pour le gaspiller en des luttes fratricides... Nous ne voulons plus que la mairie fasse la basse guerre à notre vieille église... Nous ne vouions plus que nos enfants soient élevés comme des bêtes, sans un mot de Dieu et en dehors de la religion des ancêtres... Nous voulons la paix, le travail et la liberté... Et nous allons en prendre les moyens! # Si toi, mon village, tu as aujourd’hui ce sursaut de vie, tu ne discuteras pas un instant avec les commis voyageurs de la politique, plus ou moins esclaves de Moscou. Charbonnier est maître chez soi! Ton village est à toi... A toi, ta maison, ta ferme, tes champs. Petites ou grandes.*, humbles ou riches, ne les oppose pas, ces plaisons, les unes- aux autres; elles sont faites, comme les membres du corps, pour Vivre ensemble, en harmonie. Quelle honte de supposer que nous avons besoin des gens de là-bas pour savoir ce que nous avons à faire! Que les Russes s’occupent do la Russie! Et que ceux qui les envient aillent labourer là-bas sous la botte de la...