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La Croix, 3 novembre 1916

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La Croix
3 novembre 1916


Extrait du journal

Avez-vous lu, dans la Croix de dimanche, l'admirable histoire intitulée : « L’équi libre » ? C’est du sublime en actes, et ce sublime, c’est ce qui fait un peu mon étonnement et, en tout cas, mon espoir. Ce sublime, je le rencontre par toute la France, dans les tranchées où les hommes meurent, comme dans les plaines où les femmes travaillent ; il a ce cachet de sim plicité qui est sa note spéciale, et il s’uni versalise tellement’ qu’il illustre à nou veau la racé tout entière. Ne dites pas qu’à côté de cria il y a des ombres : les ombres s'éteignent doucement devant la lumineuse clarté des étoiles, et celle-ci finira par inonder seule le firma ment de la guerre, comme le berceau et les tombes de la race. C’était donc Un poilu qui, comme tant d’autres, ayant réfléchi devant les horreurs de la mort, avait trouvé sa vie précédente inutile et vaine, et cherchait dans sa vie de soldat à réparer le passé, sinon par une action d’éclat, au moins par quelque chose de suffisant pour « rétablir l’équilibre », comme il disait, et ce quelque chose, ce fut la blessure douloureuse longtemps dé sirée et cherchée, et le sang chaud qui en découlait. Ne trouvez-vous pas que l’histoire de ce poilu, c’est l’histoire de toute la France, de l’armée comme de ceux qui contribuent à la victoire par le travail ? ' Cet équilibre, je ne veux pourtant pas le voir simplement au point de vue moral et dire que toutes les vertus de la race, remontées à la surface et remises en plein mouvement par tous les devoirs qui dé coulent de la guerre, font aujourd’hui contrepoids à l’égoïsme passé, à l'amour des jouissances et à la licence qui paraissaient conduire une bonne partie de la nation. Ce serait une belle thèse à développer pour entretenir et aviver la magnifique confiance de tous dans le succès final ; nous pourrons le faire une autre fois. Mais voici la Toussaint, la fête des Morts, et c’est au cimetière d’abord, c’est parmi les petites croix blanches des champs de bataille que je vois rétabli pour la France entière l’équilibre de notre poilu. Que de centaines de millier» de morts sur ces milliers de kilomètres de front de ba taille à l’Occident comme à l'Orient ; ja mais pareil holocauste n’a été offert, et, depuis qu’elle peine sur terre, le sang de l’humanité ne s’est jamais creusé de si nombreux et de si profonds sillons. Que de morts aussi’ dans ces ambulances où le dé vouement s’acharne affectueusement à les retenir sur les routes de la vie, et dans ces camps de concentration où tant de’ nos pri sonniers militaires ou civils vont bénir de leurs ossements la terre maudite de l'en nemi I O Dieu de justice et de miséri corde, est-ce que ces flots de sang si gé néreusement versé ne rétablissent pas...

À propos

La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.

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