Extrait du journal

C’est la» vente aux enchères du mobi- | lier de la famille N..., depuis deux cents ans première famille du pays. Cette vente, ou l’a battue dans tous les villages d’alentour ; et, ce matin, ou croise sur les routes des véhicules-de toutes sortes, depuis la bicyclette jusqu’à la limousine, mais surtout la carriole bleue du pays attelée du cheval roux à la crinière blanche. Toutes se dirigent, en gaieté, vers les enchères. La grande demeure, ni seigneuriale ni ouvrière, mais simplement confortable et tranquille, se dresse .en arrière du chemin ; et, de son perron moussu, on peut compter vingt-sept- clochers. Cette demeure regarde, étonnée, par les grands yeux de ses fenêtrefe (ou vertes : « Qu’est-ce qui se passe.. ?» Et, avec elle, les bêtes familières, celles qui ici-bas pressentent seulement... • * •■-'■■■' Les deux vastes cours sont pleines de monde ; on entre comme dans un mou lin ; oa monte, on visite, on s'appelle, on examine, on redescend, on discute... Les malins se taisent, espérant que les autres n’ont pas remarqué tel meuble, tel bibelot, telle gravure... 'Déjà la foule s’impatiente.» Il est heures, et le soleil arde dur. (Enfin, les cossus des environs sont, arrivés, et ' aussi les antiquaires de Paris... Le notaire jette un regard circu laire, et estime qu’il peut coraoïencer. Il passe alors au garde champêtre quelques bribes, premiers coups de feu de la grande bataille, et qui, à la lin du boniment, provoquent des plaisanteries solides, et mettent en appétit. Aussitôt après, les choses. sérieuses apparaissent. , D’abord, un fauteuil Louis«XV, mis à prix à 200 francs. En quelques minutes, il rebondit jusqu’iY820 francs ; puis, une vieille commode vivement disputée ;; un second”fauteuil bimabte, confortable, qui s’en va, de-ci, de-là, vers 400 francs ; une ancienne gravure ; toute une légion d’assiettes ; une fine glace de Venise... ; Deux très vieux plats à barbe avec la devise : « Là-dedans, en se rajeunit ! » provoquent un vrai duel entre deux ma...