Extrait du journal

Un abonné, dont le3 conseils ont été âéjà utiles, veut bien, au sujet de la Croix et des luttes qu’elle a suscitées, nous écrire de nouveaux conseils qui ont leur va leur rétrospective : 2 avril 1884. Cher Monsieur le directeur, Si tout le monde se mêle à la querelle de votre Christ, qu’il me soit permis d’y mettre aussi mon mot. Mous avez eu raison de mettre un Christ sur la Croix. Seulement, si ce Christ eût été, bien exécuté du premier coup, la querelle qui s’élève aujourd’huvn’aurait pas eu lieu. Le premier Christ était pas sable, le second insignifiant, le troisième est intolérable. Au surplus, la querelle que l’on vous fait au .sujet de votre Christ arrive peutêtre & son,heure pour un bien. L’idée du» Christ en Croix, au frontispice de votre journal, est une idée neuve qui me paraît appelée à un grand succès, pourvu qu’elle s’impose par une exécution bien con çue et irréprochable. Puisque vous avez eu le bonheur de concevoir cette idée et la har diesse de la mettre au jour, il faut aller jus qu’au fond de la chose, sans se laisser ébran ler par la critique ou par les sarcasmes des impie*. ; U faut faire un Christ très apparent, sur une Choix de quinze centimètres; lui donner la place d’honneur, qui est naturelle ment le milieu et non un coin ou une tête de colonne; il faut s'attacher surtout à faire non une image grotesque, capable de provo quer le mépris des mondains ou le regret des dévots, mais une image conforme à t jutes les règles de l’art, comme celles que vous faites si bien exécuter dans votre Catéchisme et qui nous promettent quelque chose de mer veilleux. 11 faut que la pose naturelle du Christ et sa bdle exécution parlent au cœur comme les articles du journal « la Croix », dont il est l’ornement, patient à l'esprit chré tien, et que le lecteur même incrédule, saisi du séri- ux et de la grandeur de l'œuvre , éprouve en lui le besoin de la respecter et de l’étudier. Vous avez bien fait dè diminuer le nombre de vos caricatures et de n’en plus faire qu’à propos de faits politiques vraiment saillants. Même, il n’y en aurait pas du tout; on ne verrait dans votre journal aucun autre dessin que la majestueuse figure du Christ expri mant dans son agonie la souffrance résignée, cela vaudrait peut-êire mieux que le passage du sérieux au comique. Il est vrai que vous faites cela pour vous faire tout à tout et les gagner tous à J.-C. Vous êtes mieux placé...