Extrait du journal

devant l'ennemi portaient l’uni forme militaire. Mais il avait été stipulé qu’on n’admettrait aucune hiérarchie ni préséance durant, le défilé. Et ce fut fait. On vit la fleur de l’aristocratie coude à coude avec d’humblps ouvriers ; on aperçut deux religieux encadrés d’un colonel et d’un commandant ; on salua avec une égale bienveillance les aumô niers, les brancardiers, les infir miers, les tuniques et les soutanes, la bure et même les manteaux vio lets. Personne ne fut oublié; personne surtout ne se trouva étranger ; en un instant, douze années avaient disparu pour faire place comme par enchantement à l’admirable cama raderie des tranchées, à laquelle nous ne pouvons songer sans une réelle nostalgie. Et pourtant nous revenions des quatre coins du pays, de toutes nos conditions et vocations diverses; qu’importe? le sang .versé, le sacrifice commun abolissait toute barrière. A une place d'honneur, les mères en deuil et les veuves de guerre, les orphelins et orphelines rappelaient par leurs larmes illuminées par un sourire de quelles immolations était payée la gloire. En tète du défilé, les aveugles, les mutilés formaient dans cette manifestation martiale la plus tragique protestation contre les hor reurs des combats ! Dans la tribune, le roi £t la reine,...