Extrait du journal
tout budget normal, un chapitre doit être consacré aux plaisirs ? « Par une conséquence qui semble pa radoxale, la prospérité des campagnes elle-même peut en accélérer la désertion. Ce n’est un mystère pour personne que pendant la guerre et même depuis nos populations rurales ont réalisé, là où les travaux ont pu se faire, des bénéfices considérables? Beaucoup ont pu acheter leurs fermes souvent comptant et j’ai connu des millionnaires sous la blouse du campagnard. Quand ils causent en toute confiance, nos ruraux 4e reconnais sent bien et quand ils le nient, on n’a qu'à leur montrer pour le leur faire avouer la maison remise à neuf, la toi ture refaite, l’étable transformée, l’outil lage perfectionné, le cheptel doublé ou triplé. Mais cette prospérité même, en faisant naître des besoins nouveaux de confort, de toilette, de luxe ne risquet-elle'pas d’accentuer le goût de la ville ? Jadis c’étaient les riches propriétaires qui pratiquaient l’absentéisme, se fiant à des fermiers et à des métayers pour cul tiver leurs termes ; et cela déjà était un mal social. Mais si, devenus riches pro priétaires à leur tour les anciens fer miers et les anciens métayers prennent les mêmes goûts, qui restera sur place pour cultiver ? On nous parie déjà d’anciens culti vateurs devenus des « messieurs » pre nant un pied-à-terre en ville; des jeunes filles trouvant peu agréable de soigner du bétail, de traire les vaches, de s’ac quitter de tous ces travaux de la ferme qui leur semblaient naturel avant leur enrichissement, aimant mieux s’occuper d’ « ouvrages » de broderie et tout en tirant l’aiguille rêvant à la ville et au jeune homme qui un jour, en les épou sant, les y conduira. Et ce jeune homme se trouvera, soyezen sûr. Nos freluquets savent fort bien qu’au village il y a eu des bas de laine considérables, transportés dans les comptes courants et les coffres-forts des établissements de crédit, et que de riches héritières attendent le sauveur qui les tirera de leur solitude monotone de la campagne pour, la vie brillante de la ville, et sûrement on trouvera le. « Mon sieur Poirier ». rustique heureux de sa voir enlever, avec sa fille, ses économies que le jeune ménage ira gaspiller en ville. Cet exode des jeunes filles de la cam pagne nous est déjà signalé en maint pays où les jeunes gens résolus à gar der leur culture trouvent de moins en moins là fiancée heureuse de "partager leur vie. 11 est grandi temps de remédier à ce mal, et c’est là l’une des raisons qui ren dent nécessaire l'enseignement ménager à la campagne. Jean Guiraud....
À propos
La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.
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