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La Croix, 8 août 1911

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La Croix
8 août 1911


Extrait du journal

GAZETTE Un instituteur vertement corrigé U n’y a pas très longtemps, à l’école laïque de Viane (Tarn), en pleine classe, 1e maître-adjoint demandait, avec un ignoble rire, à l’un des enfants qui suivent 1e caté chisme de première Communion : — Dis donc, toi, est-ce que Jésus-Christ était un homme ou une bête ? Le pauvre enfant, indigné du blasphème et de l’aboiminable insulte, menace te maître de son sabot et a le courage de lui dire en face : • , — La bête, c’est vous ! Le maître punit l’élève, qui ne peut ren trer que tard à la maison où, fondant en larmes, il raconte la chose à sa mère. La mère s’assure du fait, va trouver trois ou quatre voisines, et ensemble, te lendemain, à l’heure où l’instituteur faisait sa promenade habituelle, en lisant la Dé pêche, sur la grande route, elles vont droit a lui : — C’est vous, lui dit te mère, qui avez demandé à mon fils si Notre-Seigneur Jésus-Christ était un homme ou une bête ? L’instituteur ne pouvait pas dire non. Il rougit jusqu’aux oreilles, froisse son jour nal entre ses doigts, et essayant tout de même de payer d’audace, il balbutie : — Qu’est-ce que ça vous fait ? , La réplique ne traîna pas : — Qu’est-ce que ça me fait, Monsieur l’instituteur ? Ça me fait que vous vous êtes conduit comme un polisson envers mon enfant ; quand mon enfant se conduit comme un polisson, voilà ce que je lui fais. Et 1a mère, joignant le geste à la parole, appliqua devant témoins un magistral soufflet à l’instituteur. Le soir, tout le village se racontait te leçon que laonèrè chrétienne avait donnée à l’Aliboron ; on venait te féliciter. ) La position de l’instituteur étant deve nue de ce fait impossible, il dut demander son changement. Victor Hugo en 70 -1" En cette année 1870, où l’on était habitué à tout voir grand, espoirs, désillusions, ac tions d’éclat et hontes répétées, il y avait un homme qui appliqua'?, à la considération exclusive de sa propre personne le verre grossissant que chacun portait dans son esprit : c’était Victor Hugo. Lorsque Paris fut investi, et que les souf frances du siège se firent sentir plus vive ment, Victor Hugo demanda un jour, à Jules Simon, avec une générosité glorieuse : — Si je nî’avançais, sur le front des troupes, seul, sans armes, et si je me faisais tuer, moi Hugo, ne croyez-vous pas que la guerre serait finie?... . — Je ne le crois pas, répondit simple ment Jules Simon. Victor Hugo n’en parla plus, et se oon tenta de se coiffer d’un képi de garde na tionale. Ce n’est peut-être pas assez pour avoir sa statue de bronze sur le champ de bataille de Waterloo, où il est question de !a mettre 1 L’utilité des voyages L’aviàteur Védrines, causant avec ses ca marades de Saint-Denis, leur a adressé une petite harengue dont nous extrayons ce qui suit : « Quand j’ai commencé à voler, je n’étais pas très, très patriote, enfin, quoi, vous me comprenez... On se monte la tête,, n’est-ce pas... Mais, là-haut, j’ai réfléchi, et puis, j’ai un peu voyagé, j’ai passé plusieurs fron tières: eh bien 1 mes amis, je vais vous dire : « Je suis bien content tout de même d’être Français, et j’ai bien envie de te rester, et le jour où il le faudrait, quoique j’aie été réformé, je vous jure qu’on pour rait compter sur moi. Et, ma foi, vous savez, avec un bon petit aéro, on pourrait rendre des services, je vous assure. Je vous dis tout ça entre nous, parce que nous sommes en famille. Je voulais aussi vous annoncer que je tiens à voler pour mes * copains ». M. Lépine ne m’y a pas autorisé aujourd’hui. Ce sera pour demain matin.9 heures. « Brave Védrines, va 1 C’était un unifié, le spectacle de l’étranger l’a rendu patriote. La riposte d‘un prêtre Un prêtre monte dans une voiture pu blique. Il n’y a de place (très peu de place !) qu’entre deux gros Messieurs, que l’abbé reconnaît pour deux blocards de marque, acquéreurs de biens ecclésiastiques— Vous voilà comme Jésus-Christ sur la croix, Monsieur le curé, dit l’un d’eux en ric&iisnt — Et comment cela, Monsieur ? — N’êtes-vous pas entre deux larrons ? dit l’autre. — Oh 1 Messieurs, je n’aurais pas osé le dire. Mais, puisque vous le dites, je vous avouerai que je suis encore plus gêné que Notre-Seigneur entre ses deux larrons. — Et pourquoi cela ? — Dame ! moi... je ne peux pas trouver te bon !......

À propos

La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.

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