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La Croix, 8 mars 1889

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La Croix
8 mars 1889


Extrait du journal

conque d’expert, et U se fait accompagner 6 un expejt qu’il choisit, paralt-il lui-même, qui peut être capable ou ignorant et pour lequel il prélève ces nouveaux 30/0. «Cependant, dit M. Bourdes, commissaire-priseur veut dire un homme qui prise, qui estime, c’est-à-dire, à proprement parler, un expert. S il ne peut remplir sa charge, c’est lui qui devrait payer l’expert. » * Dans les grosses ventes on arrive à des résultats fabuleux, il est vrai qu’elles sont fort rares : A la vente Double, le commlssaire a touché 156 000 A la vente Pourtalès ,,, 180000 A la vente Blanc 228000 Et comme il ne sait pas son métier, au lieu de lui faire payer à lui-même 3 ou 400 francs pour l’expert, il faut doubler cette somme pour cet expert! Nous ne faisons pas le procès aux commis saires-priseurs, mais à la situation faite aux pauvres ruinés et apx héritiers quand on vend les meubles. * , Ce n’est pas fini. ” * Le vendu doit payer la location de la salle ou a lieu la vente, la décoration de la salle, (oui elle est décorée et l’usage veut que la facture le révèle au malheureux vendu), l affiche, la pose de l’affiche, l’impression des catalogues, la distribution de ceux-ci, les em ployés à l’arrangement, les employés à la vente elles commissionnaires. Une facture aussi complète laisse un nou veau profit au commissaire-priseur qui prend ces choses à forfait, et c’est ainsi que les frais des petites ventes montent de 11 1/2 à 250/0 sur lesquels l’Etat touche seulement 2 1/2 0/0. « Pour les grosses ventes, explique M.Bourdes, les frais sont seulement portés de il 1/2 à 15 0/0. » 1 A Paris, sur 40 millions de meubles vendus ordinairement par nécessité, à l’hôtel Drouot, le privilège des commissaires fait dispa raître de 5 à 6 millions, environ 20 000 fr. par jour de vente, si. l’on vendait tous les jours ouvrables. A ce prix-là on pourrait se charger d’organiser un hôtel de ventes et d’avoir des employés: payés 10 ou 12 fr. par jour, pour accomplir la besogne. * '■ En pratique, du reste, le plus 'cruel n’est point là. Ces 40 millions de meubles devraient se vendre beaucoup plus cher, peut-être le double, et les vendeurs seraient heureux de donner à ce compte 10 et 12 millions de frais ; mais les commissaires renoncent — par routine sans doute — à cette plus-value de leurs honoraires. En effet, à Paris, l’hôtel Drouot est telle ment sale, puant, fétide, asile du plus abo minable des crimes, qu’il est comme impos sible que le vrai public participe à la vente. « Dans ces salles petites et sombres, le pre mier rang envahi par les marchands de la bande noire peut seul suivre les enchères » ; le reste tend le cou péniblement, au milieu de cette tourbe sans nom peu surveillée, et la bande ^ noire installée par-devant serait bien peu juive si elle ne surenchérissait pas quand un profane se hasarde dans ce bouge immoral et fétide. Le profane emportera par toi par là une pendule, un objet d’église qu’il Paiera quatre fols sa valeur parce qu’il y tient. En réalité, quand on veut acheter un objet, vaut ordinairement mieux le laisser pas ser à la bande noire, on peut toujours savoir «mi 1 a acheté, et l’on va le racheter avec 50 0/0 de bénéfice pour le brocanteur. * * * Dans les pays de liberté, comme l’Angle terre, l’enregistrement n’existant pas, il n’y a aucun officier ministériel, on économise : l’enregistrement, le commissaire, la caisse de réserve, l’expert; il n’y a qu’un courtier qui ouvre une boutique fort spacieuse, où l’on est aussi bien qu’on est mal chez nous ; car ces industriels tâchent de l’emporter sur leurs concurrents ; le vendeur pale une redevance, l’acheteur, qu’on veut attirer, ne paye rien. Nous aurions beaucoup à ajouter. Ce qui se passe à Paris se passe à peu près de même en province et il faut se résoudre à entendre dire que 1789 a fait cesser les abus intolérables. Des abus, il y en avait, et U y en aura;1 wais» à <$t rsiatjaas Mëu £4 ml U ■...

À propos

La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.

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