Extrait du journal
Pour n’avoir pas la gravité de la crise du change ou de la crise du charbon, le manque de monnaie divisionnaire n’en constitue pas moins à Paris une entrave sérieuse aux transactions journalières et un sujet de légitimes récriminations. Il est malheureusement aussi, pour le pays, l’occasion d’un des plus effarants gaspillages de la fortune publique. L’augmentation générale des salaires et du volume des transactions entraîne naturellement des besoins croissants de monnaies diverses. Il semblerait toute fois que, pour la petite monnaie, qui ne sert qu’à faire l’appoint, le déficit doit être beaucoup moins sensible. Et comme dès le début de la guerre, dans presque toutes les parties de la France, les Chambres de commerce ont pris l’initia tive de donner ample satisfaction aux besoins locaux par l’émission de petits billets, les anciennes' monnaies division naires et celles qu’on n’a cessé de frap per devraient suffire dix fois à la de mande des Parisiens, si elles ne se dé robaient pas à leur fonction. Malheureusement, il se; trouve que la valeur intrinsèque de la monnaie* d’ar gent, autrefois inférieure de moitié à sa valeur nominale, lui est devenue très largement supérieure, ainsi qu’il a été à diverses reprises exposé aux lecteurs de la Croix. L’argent est, en effet, l’une des marchandises qui ont subi depuis la guerre la plus forte hausse : coté autrefois moins de 100 francs le kilo, il vaut aujourd’hui 5 ou 6 fois plus. Cela tient principalement aux demandes presque illimitées de l’Inde et de l’Ex trême-Orient, où l’argent constitue la monnaie unique, et dont les besoins en numéraire ont décuplé avec la hausse générale et la prospérité actuelle de ces pays. Le résultat, c’est que la.pièce d’argent de 1 franc, au titre de 835 millièmes, qui valait beaucoup moins de 0 fr. 50 avant la guerre, a aujourd’hui pour le fon deur ou l’orfèvre une valeur réelle de 2 fr. 20 environ. / La différence est'à peu près la même si la pièce arrive dans un des pays de l’Union latine où notre change est si déprécié, Suisse ou Espagne. Là encore, il suffit de. faire passer à travers les mailles de la surveillance douanière, pourtant si gênante, 20 pièces de i franc pour se-faire une journée nette de près de 25 francs. . . Il tombe sous le sens que, dans ces conditions, la monnaie française d’ar gent, malgré toutes les réglementations les plus draconiennes, ne peut plus res ter longtemps au jour ni remplir son office. Au bout d’un temps plus ou moins long, par des chemins plus ou moins détournés, si elle n’est pas allée s’enfouir dans un bas de laine, elle finit par aboutir là où elle a sa pleine valeur, chez** l’orfèvre ou à l’étranger. Plus on en lance dans la circulation, et moins on en voit, car on augmente le nombre des spéculateurs qui appren nent à en tirer des bénéfices sans cesse croissants. Peut-on s’expliquer, devant des évi dences aussi écrasantes, que depuis des années notre ministre des Finances sc soit obstiné à vouloir donner à l’opinion parisienne une satisfaction illusoire en continuant à frapper chaque jour, avec...
À propos
La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.
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