Extrait du journal
Le rideau va se lever aujourd’hui sur la scène de confusion parlementaire fabriquée à l’usage du public français par la fourberie gouvernementale, la pression administrative et la tricherie électorale, auteurs des résultats des scru tins des 6 et 20 mai 1906. Dans la pièce, M. Sarrien, président du Conseil, ne paraîtra qu’au prologue, pour lire la déclaration ministérielle, qu ne fera que poser les questions sans les résoudre, sans même essayer de les élu cider. Elle pourrait s’intituler comme la comédie : Faute de s'entendre, car les bruits qui ont couru hier de la démission de M. Poincaré témoignent que, si la déclaration ne dit rien, c’est qu’elle ne peut dire aucune chose sur laquelle les ministres soient d’accord. Au temps des passions soulevées par l’affaire Dreyfus, un caricaturiste publia deux gravures : La première représentait une réunion de famille où les convives se pressaient aimables, gracieux et souriants autour d’une table où fumait le potage. « N’en parlons pas ! » était la légende. Tout à côté on voyait une table ren versée au milieu des assiettes cassées et des mets gisant à terre. Les convives se montraient le poing, se prenaient aux cheveux, se jetaient à la face des débris de poulet. « On en parle l » était la légende. La déclaration nous rappelle la pre mière gravure : « On n’en parle pas! » La séance sera la reproduction de la seconde : « On en parle ! » La majorité radicale va se trouver aux prises avec les radicaux socialistes, ter rorisés par les socialistes unifiés, sur veillés à leur tour par la Confédération générale du travail. * Peut-être la confraternité d’armes de vant l’électeur amortira-t-elle les coups de la première rencontre devant le pays. Mais le souvenir n’en est pas durable, et la Confédération générale du travail, qui n’est pas du nombre des députés, com mandera à ses élus parlementaires de l’oublier avec toute l’indépendance du cœrr, vilainement appelée ingratitude. Déjà la Voix du peuple, organe de la Confédération, a déclaré une guerre sans merci à M. Clemenceau. Le fameux complot, qui était une manœuvre perfide contre les conserva teurs et les libéraux, était en même temps un outrage sanglant pour la Confédéra tion. Elle le relève, et M. Guesde ne pourra faire autrement que le relever à son tour. L’impôt sur le revenu de M. Poincaré ne peut pas être celui des collectivistes. C’est pourquoi M. Poincaré ne dit pas dans la déclaration ce qu’il sera. Mais il faudra qu’il le dise, il en sera sommé, et alors on pourra reprendre sous le compte rendu de la Chambre la légende: « On en parle l » Elle s’y appliquera aussi bien qu’à la gravure du caricaturiste. Les mesures prises tardivement par le gouvernemeut dans le Nord et dans le Pas-de-Calais et les mesures prises à temps au 1er mai à Paris, les révocations des 300postiers grévistes, etc., etc.,mon treront les divisions de la majorité, et la confusion des partis qui la composent. Quand je dis confusion, je ne dis pas: fusion. Bien au contraire, des membres du même parti se déchireront entre eux, et feront des incursions dans les rangs des partis à côté. La confusion dont je parle est celle de la Tour de Babel. Quelque lamentable que puisse être le spectacle, mon avis est que l’opposition libérale doit y assister impassible. Le gouvernement et la majorité se sont ligués contre elle avec leurs ennemis les...
À propos
La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.
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