Extrait du journal
CONSERVATOIRE M. Antonin Proust est un Mécène : il ne sç contente pas d’affranchir l’art du joug odieux de ia censure : sa sollicitude s’étend jusqu’aux sources mômes des vocations théâtrales, jus qu’au Conservatoire de musique et de décla mation ! Il propose à la Chambre une réforme radi cale de cet établissement. D’année en année, le public des théâtres constate avec douleur, une faiblesse croissante dans les résultats obtenus ; les scènes lyriques ne se recrutent plus d’une manière brillante. Le concours de 1891 était des plus tristes; celui de l’an prochain ne vaudra pas mieux, après des épreuves d’admission pleines d’in quiétudes : les futurs chanteurs n’ont pas même de voix!..,. , v. ,, * ,. , ( Pauvres théâtres richement subventionnés, qu’aüez-yous devenir? Et vous, contribuables de province, si heureux et si fiers de payer des impôts pour le plaisir des Parisiens, qui vous consolera? Trouver des élèves ténors n’est pas facile : nos mœurs ne permettent pas encore de les prendre de force; quand le socialisme aura triomphé, cela se fera; jusque-là, il faut attendre leur bon plaisir et augmenter les appointements. On peut se passer de pain, de ténors, jamais! Il en existe cependant:l’autre jour,j’admi rais une voix délicieuse qui chantait les louanges de Dieu avec des accents à faire rêver du Paradis, le lendemain, c’était le D* profundis, le9 larmes coulaient. Ce merveilleux ténor ne sera jamais sur la scène... Affreux gaspillage des dons de la nature et des vocations, s’écrierait M. Proust, s’il entendait le ténor en froc. Pourquoi le peuple n’a-t-il plus de voix? ü en avait autrefois, témoin le savetier de Lafontaine : les financiers d’aujourd’hui sont devenus mélomanes, par genre ; ils payent et malgré l’argent, les voix ne vibrent pas. * * « ) Il n’y a pas de voix parce qu’on ne charité plus; celui-là chante qui a le cœur gai: le peuple n’a plus le cœur gai; on a tout fait pour lui ôter la foi, l’espérance et la charité ! On chantait à l’Eglise des hymnes superbes, il y fallait du son ; le refrain ducabaret,là chan son de la rue veulent uniquement des cris. D’autant moins, on trouve les recrues, d’autant plus il faut soigner le peu qui s’en rôle. Le Conservatoire, paraît-il, ne soigne pas bien. Les jeunes gens et les jeunes filles sont externes! et la vie d’externat n’est pas favorable aux études. Celui-ci, entre les classes, est obligé d’échanger le manteau royal de ses rôles contre le tablier du mar chand de vins; cellè-là serties locataires de son père concierge, afin de se former aux belles manières du grand monde. Tous deux sont exposés à faire pis. Le vrai remède, pense M. Proust, est le rétablissement de l’internat : autrefois, il existait,* mais tenir en pension des écoliers de cette sorte âgés de 18 à 30 ans, n’était pas chose facile; il fallut y renoncer. Comme les mœurs sont depuis lors en très grand pro grès, il est probable qu’aujourd’hui l’essai serait couronné d'un grand succès tout laïc. * Pourquoi les plus admirables dons de Dieu deviennent-ils des dangers pour les petits? La beauté, une voix charmante, sont autant de motifs de perle pour la fille du peuple. Si la religion ne la soutient, elle ne sera jamais mère de famille : un pont d’or la conduira au pays de sa ruine, irrémédiable ; le *théâtre l’appellera, et quand elle aura dissipé jeu nesse, talent, avenir, pour un public sensuel, l’ex-éloile finira ses jours en qualité d’ou vreuse de loges ou de balayeuse de rues. Voilà, pour le9 neuf dixièmes, i’épilogue d’une vocation théâtrale. Le Pays a x. ROM Ë l.e C onclave Léon Xltl ouvrira peut-être des temps nou veaux pour les Conclaves. , L’assurance des journaux, allemands que l’Autriche mettra son veto, à tout Pape non favorable à la triple alliance, accentue la né...
À propos
La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.
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