Extrait du journal

craignant les yeux ennemis qui peuvent les épier. Madeleine marche la première, emportée par la puissance de son amour. Le vent de l’aurore anime les plis die leurs tuniques et s’imprègne à leur pas sage d’une odeur de myrrhe et d’encens. Âu Bien-Aimé, qu’elles croient tou jours enseveli dans le sépulcre de Joseph d’Arimathie, elles apportent, outre le tribut des baumes, les larmes de leurs yeux et la fidélité de leur douleur. Tout ce que l’amour humain peut donner à ceux qui ne sont plus. Ne savent-elles donc pas que Celui qu’elles pleurent est plus qu'un homme ? N’ont-elles pas assisté à sa passion et à sa mort prodigieuses ? Ne se sou viennent-elles pas qu’il a dit. « Je res susciterai le troisième jour. » Hélas ! si elles n’ont pas oublié la promesse, elles ont cessé d’y croire. Témoin les parfums funèbres qu’elles apportent au divin Trépassé. Trois jours de désolation et d’angoisse sont venus à bout, non d© leur amour, mais de leur foi. Elles s’effrayent des difficultés maté rielles : — Qui donc nous ôtera la pierre ? Cependant, soutenues par une secrète espérance, elles ne renoncent pas à leur dessein ; elles entrent dans le jardin et approchent du monument Le soleil se lève. Et voici la suite, selon le récit de saint Marc : . « Elles virent que cette pierre, qui était fort grande, avait été ôtée. Puis, entrant dans le sépulcre, elles virent un jeune homme assis du côté droit vêtu d’une robe blanche, et elles furent effrayées. Mais l’ange leur dit : « Ne craignez point, vous cherchez Jésu9 de Nazareth qui a été crucifié, il est ressuscité ; voici le lieu où ils l’avaient mis. Allez, dites à ses disciples et à Pierre qu’il vous pré cédera en Galilée ; c’est là que vous le verrez comme fl vous l’a dit » Sortant aussitôt elles s’enfuirent car le trem blement et la stupeur les avaient saisies... » La stupeur et le tremblement ! Pas un tressaillement de joie ! Pas un cri d'allégresse devant l’immense bonheur qui leur est annoncé ! C’est qu’elles n’y croient pas encore. Leur unique désir, c’est de retrouver le corps de leur Seigneur. S'il n’est plus là, c’est qu’on le leur a pris ! Toutefois, les apôtres prévenus, Made leine est revenue auprès du sépulcre, ne pouvant se détacher de ces pierres où quelque chose survit de la présence de Jésus. Et voici, selon saint Jean, ce qu’il en advient : « Cependant, Marie se tenait près du «séDuicre, en dehors, versant des larmes,...