Extrait du journal

Pourquoi donc tant de haine et tant de colère déchaînées aujourd'hui en France — en France seulement — contre les évêques et les prêtres, contre les reli gieux et les religieuses et généralement contre les catholiques, c’est-à-dire contre l’élite du pays, élite par l’intelligence, le savoir et la vertu, élite aussi par le cœur et le dévouement?.... Pourquoi cette fureurqui, chez nous, — etehez nous seulement — secoue, comme un accès épileptique, tant d’hommes, à la seule idée qu’il pourrait y avoir un jour des catholiques à la tête des affaires publiques?.... Pourquoi cette alliance ouverte des gouvernants actuels avec les sectaires de l’hérésie, des loges maçonniques et du ghetto? Pourquoi cette frénésie même chez certains enfants, en qui l’horreur du prêtre éclate presque spontanément et se traduit par d’imbéciles outrages? Pourquoi, enfin, le catholicisme est-il un objet d’épouvante—réelle ou simulée — pour beaucoup de personnes de l’ua et l’autre sexe? Voilà toute une série de questions que nous nous posons, depuis longtemps, presque chaque jour, sans parvenir à leur trouver des réponses naturelles et, raisonnables. « C’est à cause de mon Nom que vous serez haïs », disait le Sauveur à ses dis ciples. Et, alors, au lieu de plaindre les victimes de cette incompréhensible folie, nous nous surprenons à les féliciter et même à leur porter envie. Mais bientôt un autre sentiment en vahit notre âme, au souvenir des châti ments qui n’ont jamais manqué d’at teindre les nations où les élus du Christ sont en butte à la persécution et à la tyrannie. Les noms de Choiseul et de Pombal tremblent au bout de notre plume. Et notre patriotisme s’effraye de catastrophes trop faciles à prévoir. Les mêmes causes ont toujours les mêmes effets. Ces évêques, ces prêtres, ces religieux, ces religieuses, de quel crime sont-ils donc coupables qu’on les jette ainsi qua siment hors la loi? Ils n’ont jamais voulu que le bien; ils n’ont jamais fait que le bien. La France tout entière est leur oeuvre! Les protestants eux-memes l’ont avoué. Au mépris de toute justice et de tout droit, on s’obstine à soutenir que nos évêques et nos prêtres sont des fonction naires. Quelles fonctions remplissent-ils? Ils sont sans famille — ils y ont librement renoncé; — ils sont sans avenir, sans es pérances terrestres, sans postérité. Ils ne sont rattachés à la collectivité nationale que par leur participation à l’impôt, qui leur assure, par conséquent, l’exercice du droit électoral. Ils n’ambitionnent ni la fortune, ni les honneurs, ni les charges publiques. Il y a soixante-dix mille prêtres en France. Deux seulement sont députés. Leur domaine est celui des âmes. Et ce domaine est inaccessible à tous autres. Cependant on soutient aussi, mais encore contre l’évidence de la vérité his torique la mieux établie, que le budget des cultes est un traitement. C’est faux. Et nous ne nous lasserons pas de le répéter. Ce traitement n’est qu’un service de légitime et régulière indemnité.Lesbiens de l’Eglise ont été spontanément aban donnés par elle à l’Etat, dans un élan de généreux patriotisme. Mirabeau l’a so lennellement reconnu. Et cet abandon a été fait sous la condition formelle que l’Etat pourvoirait, avec décence, aux besoins du clergé. C’est l’article 14 du Concordat qui en témoigne. L’Etat ne peut pas s’affranchir de cette obligation sans encourir la flétrissure qui s’attache toujours au front et à la mémoire des voleurs. Les catholiques de France, avec leurs évêques, leurs prêtres et leurs religieux ont, au cours des siècles écoulés, tenu la tête dans le monde du savoir et de la pensée. Il n’y a jamais eu d’opposition entre leurs tendances propres en poli tique et les intérêts de la patrie. Et si on avait autrefois écouté leurs avis, on n’au...