Extrait du journal

Boche observe... Solennelle est la semaine qui com mence. Elle apporte la paix ou la guerre... ... la paix désirée ardemment par tous les peuples... ... ou la guerre, mais alors la plus triste, la plus navrante de toutes les guerre, la guerre entre nous... entre les pauvres « nous » !.. Si l’ouvrier est raisonnable, c’est-àdire s’il résiste aux meneurs politiques, c'est la paix, la belle paix avec tous les avantages successifs qu’elle comporte. Mais si l’ouvrier se laissé entraîner, alors c’est cinq années d’héroïsme per dues, le sang versé devenant inutile... un nouveau calvaire à gravir, mais, cette fois, sans honneur et sans espoir. Oui, grave semaine ! # Aussi, comme on comprend l'effort actuel de l’Allemagne, effort si bien résumé dans la phrase cynique du Berliner : « Nous espérons nous en tirer quand même par la pression énergique que nous exerçons à l’extérieur sur les organisations ouvrières... » Quand, avec son or, elle eut déchaîné le bolchevisme en Russie, l’Allemagne faillit gagner la guerre... Rappelez-vous— il y a un an seule ment.. ? Aujourd’hui, elle recommence le même coup, mais en y mettant davantage le prix. Elle va fort, aussi fort qu’elle peut. C’est tellement son jeu !.. Elle doit, ou bien subir le traité, ou l’éluder avec quelques millions bien placés. Le choix s’impose, évident, impératif. * & Conclusion : sous une forme ou sous une autre — l’or aussi est un Protée aux mille formes, — les millions allemands cheminent ferme en France. Deutschland L. Deutschland !.. ' „ Soyez-en sûrs... sûrs-!.. Ils chantent et font chanter. ~ ' On réentend les airs connus de l’an cien Bonnet Bouge... Les Russes, les Allemands, même les Hongrois, rede viennent des frères immédiatement à secourir... ces pauvres Boches, ces mou tons, ces frères de misère, ces victimes du kaiser !.. On n’a plus que de la ten dresse pour eux !.. II y a un vèrtige dans l’air, et sou vent, hélas ! ceux qui chantent le mieux sont les pauvres _ hères qui, dans la vallée — je veux' dire dans l’usine — répètent l’air pour rien... l’air auquel vraiment ils croient, alors que les autres !.. , Et tout l’enjeu est là : qui aura raison, le bon sens français ou les millions boches..? « Aux mineurs et aux cheminots de répondre cette semaine. Pouf une revendication de « mieuxêtre » qui ne perd rien à mûrir encore... qui peut aboutir dans quelques semaines aussi bien et certes plus honorablement qu’aujourd’hui, vont-ils déchaîner l’abo minable grève générale, véritable atten tat contre une patrie toute pantelante encore de la lutte ? Qu’ils sentent sur eux le regard 'anxieux du pays... de cette population honnête... de ces adolescents qui seront la France de demain... de tous ceux qui aiment l’ouvrier, et voudraient tellement continuer à l’estimer... ... le regard de toutes ces femmes, de tous ces enfants qui, déjà, ont tant souf fert... ... le regard des quinze cent mille martyrs, dont beaucoup furent ouvriers comme eux. ... mais surtout le regard du Boche qui attend anxieusement pour voir « si ça va marcher.. ? ? » Que les mineurs et les cheminots échappent à l’obsession de haine créée par des politiciens dont la formule sata nique est précisément la :« lutte ,des ^classes ». Qu’ils constatent que la C. G. T. ellemême cherche à freiner, parce qu’elle sent toute la terrible responsabilité de l’heure présente. Qu’ils écoutent enfin leur cœur, lequel, dans une poitrine française, a si souvent des raisons supérieures à la...