Extrait du journal
Il vient de paraître enfin, la livre attendu de» jeunes (1). L’auteur est prêtre, mais il dé laisse la langue ecclésiastique ; c’est un penseur, mais il ne développe pas de thèses métaphysiques ; un sage, 11 n’est pourtant pas soucieux de balance et d’équilibre perpétuels. D a reçu les approbations les plus hautes, celle du cardinal de Paris et celle du bon Dieu t la souffrance qui mûrit et vivifie. Il comprend la génération! d’au jourd’hui : chaque génération n’at-elle pas son caractère, sa vocation, un nouveau milieu à évangéliser, des aptitudes particulières pour réaliser sa t&che, une histoire & écrire, des succès à remporter, des épreuves aussi à traverser ? Surtout, il est jeune. H éorit donc pour les jeunes : il est prenant, vi vant, à l’occasion un peu naïf, un grain exagéré, un soupçon imperti nent. Il l’avoue lui-même_ sans con trition. Il ne craint pas, quand il est nécessaire, de frapper fort et juste, * Dans son livre, la présentation des idées, les idées elles-mêmes, le style, jusqu’à la typographie, tout est conçu pour les jeunes, pour ceux qui ont vingt ans. « Ceux qui ont vingt ans î .ou, si vous voulez, de vingt & trente? » Nous les connaissons bien. On devinera pourquoi. » A cause de tout ce qu’ils aiment et de tout ce qu’ils détestent, nous les aimons. » Ils aiment qu’on parte clair et bref et qu’on dise des choses sen sées. » Ils aiment que, lorsqu’on prend la parole, on ait quelque chose à dire qui vaille la peine d’être dit. » Ils aiment l’ordre dans la pen sée, dans la vie et dans la cité : non un ordre arbitraire qui choisit et sacrifie sous des prétextes injusti fiés. mais un ordre qui n’exclue rien d’excellent et mette seulement tout & sa place. » Ils ont le goût des ensembles harmonieux parce que rationnels, et l’esprit architectural des siècle» de reconstruction. » Iis aiment la beauté solide et saine, l'air pur et la clarté. b Ils aiment aussi la, liberté, mais ne croient plu» qu’en celle-là qu’as surent la discipline et le travaiL w Partant, l’autorité forte est de leur goût parce qu’elle seule peut sourire sans mièvrerie, réprimander sans aigreur et mener l’effort au succès. b En tout ordre de choses, l'anar chie leur est en horreur : sentimen tale comme celle des anciens jeunes, ils l’ignorent ; intellectuelle comme celle des vieux actuels, ils la ré priment par le travail et la ré flexion ; sociale et politique, ils n’en veulent plus. » • Ce portrait donné. M. Jean Plaquevent .recherche, chez les jeunes de 193i les causes d’un tel caractère et ses effets. « Est-ce d’avoir grandi à l’ombre des épées, d’avoir été bercés par des histoires de morts? Dans toute l’Eu rope, dans le monde entier peutêtre, ils ont ce trait commun : l’ar deur de vivre, un goût âpre, presque sauvage, à respirer, marcher, courir, enjamber les fossés et sauter des barrières. Pour parler sans images : un appétit forcené de réaliser ce qu’ils portent en eux, un parti pris d’épanouissement total. » Il faut dono aux jeunes d’aujour d’hui une vie pratique, positive, réaliste. D’où le peu. de place réservée à la poésie et au rêve, dont abusaient leurs aînés. Du temps pour rêver, ils n'en ont guère. « Il faut trop d’argent pour vivre. Aux vieilles dames de s’en lamenter. — Puisqu’il faut beaucoup d’argent, qu’à cela ne tienne, on en gagnera. — Et chacun de s’y mettre. Tel est le grand signe des temps nouveaux La classe oisive a disparu. Vivre à ne rien faire est devenu impossible, excep tionnel, honteux Les jeunes se sont mis au travail comme au plus noble, au plus sérieux des sports : celui qui sert, et dont les records se chiffrent en puissance de vie. Gagner de l’ar gent, c’est pouvoir vite être son maître, se choisir une femme, fonder un foyer. » » On reproche à nos jeunes d’être matérialiste». Comment ne le se raient-ils pas ? L’enseignement positiviste qu’ils ont reçu ne parlait que de la ma tière, de ses mesures et de ses modes «d’emploi. On les a bourrés de calcul,de physique et de chimie. La nature ne leur a été montrée que décom posée, classifiée, mécanisée. Les humanités leur ont été servies dé pecées, stérilisées, fadement ensaucées. Est-ce leur faute »!• l’essentiel de...
À propos
La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.
En savoir plus Données de classification - doret
- henderson
- mesmin
- meyerie
- rousseau
- jean guiraud
- briand
- stimson
- plaquevent
- françois coty
- france
- brix
- berlin
- paris
- vatican
- lyautey
- cité
- coutances
- irkoutsk
- laon
- union
- exposition coloniale
- bayard
- jeunesse catholique
- les amicales
- fédération des amicales
- fédé
- a. c. j
- syndicat agricole
- la république