Extrait du journal

Livres fondamentaux Un récent numéro du Bulletin Salésien s’exprimait ainsi : « Il y a soixante ans, Gratry disait que l’Europe était en état dé péché mortel; que dirait-il maintenant ? C’est un fait, hélas ! qui crève les yeux, que, si une élite sans cesse grandissante demande à l’Evangile sa règle de vie et harmonise ses mœurs à sa croyance, la grande masse tourne le dos au Déca logue. » Les conséquences, on les devine. Dans les familles, la crise de l’autorité : le père ne commande plus, ou mal. Au nom de quoi commanderait-il, d’ail leurs ? Les enfants tirent de leur côté : chacun pour soi. » Ce qu’on cherche -dans la vie : le commode, Taise, lia plaisir, fi est devenu le terme de toute action, le but des désirs secrets des hommes. S’amuser, tuer ses loisirs dans des divertissements sans cesse renouvelés, propres ou pas, c’est à quoi pensent les multitudes. En | traversant nos villes on a l’impression, à regarder les visages, que pour ces gens la journée ne commence qu’à ! 8 heures du soir ; ils ne s’épanouissent ! qu’à cette heure-là. Le lendemain, après une nuit écourtée, on. reprendra en maugréant le collier du travail, et l’on ne se consolera qu’à la pensée que douze heures plus tard la petite fête recom mencera. Exagération ! Le croyez-vous ? » Et comme l’instrument de cette joie c’est toujours l’or ou son très pauvre équivalent, alors, par tous les moyens, il faut l’acquérir, l’accroître, le garder. >Et voilà pourquoi, si souvent, le com merce est malhonnête, le capital égoïste et serré, le travail bâclé ou envieux. Où s’en est allée l’honnêteté commerciale de jadis ? Où sont les maisons de con fiance ? Qu’est devenue la conscience professionnelle de l’ouvrier, jadis si haute et si flère ? En quel état sc trouve la simple honnêteté humaine ? » Et encore, tout ce monde auquel nous faisons allusion fait figure d’hon nêtes gens ; mais, en marge de cette société qui sauve les apparences et sur veille la façade, grandit une autre qui, elle, demande à }a ruse, à la force ou au vice cet or nécessaire au plaisir. Par le travail, c’est trop long à venir et c’est fatigant : un heureux coup, bien pré pare, vous remplit les poches plus abondamment, plue rapidement, plus commodément. N'e nous gênons donc pas. ' ' 1 ’...